#
Bonne
Nouv.elle
!
— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.
S6 Episode 3
15/12/2024 – 3e dimanche de l’avent
Lecture de l’évangile : Claire
Textes du jour
So 3, 14-18a
Is 12
Ph 4, 4-7
Lc 3, 10-18
(Lire les textes sur aelf.org)
Le texte de l’homélie
« Si je ferme les yeux, si je souffle doucement, je peux presque m’imaginer au bord du Jourdain, avec les hommes et les femmes qui se pressent autour de Jean-Baptiste.
Je peux m’imaginer partager leur soif. En fait je n’ai pas vraiment besoin d’imaginer : moi aussi j’ai soif !
J’ai soif que s’arrêtent les systèmes d’oppression. Soif d’un monde nouveau.
Soif de Dieu tout simplement.
Soif que son règne vienne, enfin.
J’imagine cette foule qui se plonge dans l’eau, cette foule qui choisit le baptême de repentance prêché par Jean-Baptiste. J’imagine les hommes et les femmes pressés de laisser derrière eux tout le monde auquel ils appartiennent.
Et quand ils sortent et demande : « que devons-nous faire ? »
Je reconnais une parole d’abandon radical : ils sont prêts à tout pour faire changer les choses.
Moi aussi je sais ce que ça fait d’être prête à tout pour que s’arrête la violence qui s’acharne contre moi et autour de moi.
Face aux paroles de Jean-Baptiste, j’imagine leur déception.
D’abord parce qu’elles sonnent presque creux, ces paroles. Elles sonnent comme du réchauffé.
Partager, être honnête, se contenter de ce qu’on a…
C’est du déjà-vu, et je suis sûr que c’était déjà du déjà-vu il y a 2000 ans.
Ensuite parce que ces paroles sous-entendent qu’il va falloir retourner d’où l’on vient.
Le collecteur d’impôts qui était prêt à tout laisser derrière restera collecteur d’impôts.
Le soldat qui voulait une vie nouvelle restera soldat.
Et moi qui entend ses paroles, la parole de Jean-Baptiste me confronte à cette réalité inconfortable :
Je ne suis pas aussi impuissante que je voudrais le croire.
Dans le terreau où Dieu m’a planté, je peux déjà agir.
Face à l’horreur de ce monde, face à l’immensité de la violence de ce monde, la tentation est grande parfois de croire que tout est permis.
La tentation est grande de dire que face à l’immensité de ce qu’il reste à faire, seuls les moyens les plus radicaux seront utiles.
Mais la radicalité de Dieu n’est pas celle des hommes, et il est parfois facile de confondre la soif de Dieu et le goût du sang.
En vérité, la parole de Jean-Baptiste n’a rien de tiède.
A l’époque romaine, pour devenir collecteur d’impôts, il fallait verser par avance à l’occupant romain la totalité de la somme qu’on avait pour mission de récupérer auprès du peuple.
Après cela, si le collecteur a pitié du pauvre, de la veuve, de l’orphelin, c’est de sa poche que ça sortira. S’il ne collecte pas un centime de plus que ce qu’il a déjà payé à l’occupant, il aura travaillé pour rien.
Ce que Jean-Baptiste demande au collecteur d’impôts, c’est de refuser d’être une courroie de transmission de la violence. Et de payer lui-même le prix de ce refus.
Ça, c’est peut-être plus dur que de tout plaquer pour devenir un Avengers.
Nous aussi, nous sommes appelés à cette simple radicalité : refuser d’être les courroies de transmission de la violence ordinaire.
Refuser d’être les rouages du système d’oppression.
Montrer de l’empathie même quand cela a l’air ridicule. Dire non dans une situation où tous détournent le regard. Rejeter l’injonction capitaliste à désirer plus d’argent. Faire passer le nécessaire d’un inconnu avant notre superflu. Si nous sommes prêts à tout, pourquoi ne sommes-nous pas prêts à ça ?
Peut-être parce que croire que ce sont les glorieux coups d’éclat qui changeront le monde est un symptôme de ce monde-ci, pas tant masculin que masculiniste. Ça aussi, nous sommes appelés à le laisser derrière.
La simple radicalité à laquelle nous appelle Jean-Baptiste, ce n’est pas des petits riens, ce n’est pas la cerise sur le gâteau, pendant que les vrais héros se battent au front. C’est le nœud du problème. C’est devenir un arbre dont les branches feront de l’ombre à la terre brûlée, un arbre qui donnera du fruit pour rassasier les affamés, un arbre dont les racines fissureront les fondations même des systèmes d’oppression.
Ce travail-là est peut-être simple, simple comme dire non, simple comme dire oui, mais il n’est pas facile, et il durera jusqu’à la fin de ce monde.
Pour ce genre de travail, un travail ingrat, un travail invisible, un travail jamais fini, il y a en anglais une expression : a woman’s work. Un travail de femme. ↓
Je peux m’imaginer partager leur soif. En fait je n’ai pas vraiment besoin d’imaginer : moi aussi j’ai soif !
J’ai soif que s’arrêtent les systèmes d’oppression. Soif d’un monde nouveau.
Soif de Dieu tout simplement.
Soif que son règne vienne, enfin.
J’imagine cette foule qui se plonge dans l’eau, cette foule qui choisit le baptême de repentance prêché par Jean-Baptiste. J’imagine les hommes et les femmes pressés de laisser derrière eux tout le monde auquel ils appartiennent.
Et quand ils sortent et demande : « que devons-nous faire ? »
Je reconnais une parole d’abandon radical : ils sont prêts à tout pour faire changer les choses.
Moi aussi je sais ce que ça fait d’être prête à tout pour que s’arrête la violence qui s’acharne contre moi et autour de moi.
Face aux paroles de Jean-Baptiste, j’imagine leur déception.
D’abord parce qu’elles sonnent presque creux, ces paroles. Elles sonnent comme du réchauffé.
Partager, être honnête, se contenter de ce qu’on a…
C’est du déjà-vu, et je suis sûr que c’était déjà du déjà-vu il y a 2000 ans.
Ensuite parce que ces paroles sous-entendent qu’il va falloir retourner d’où l’on vient.
Le collecteur d’impôts qui était prêt à tout laisser derrière restera collecteur d’impôts.
Le soldat qui voulait une vie nouvelle restera soldat.
Et moi qui entend ses paroles, la parole de Jean-Baptiste me confronte à cette réalité inconfortable :
Je ne suis pas aussi impuissante que je voudrais le croire.
Dans le terreau où Dieu m’a planté, je peux déjà agir.
Face à l’horreur de ce monde, face à l’immensité de la violence de ce monde, la tentation est grande parfois de croire que tout est permis.
La tentation est grande de dire que face à l’immensité de ce qu’il reste à faire, seuls les moyens les plus radicaux seront utiles.
Mais la radicalité de Dieu n’est pas celle des hommes, et il est parfois facile de confondre la soif de Dieu et le goût du sang.
En vérité, la parole de Jean-Baptiste n’a rien de tiède.
A l’époque romaine, pour devenir collecteur d’impôts, il fallait verser par avance à l’occupant romain la totalité de la somme qu’on avait pour mission de récupérer auprès du peuple.
Après cela, si le collecteur a pitié du pauvre, de la veuve, de l’orphelin, c’est de sa poche que ça sortira. S’il ne collecte pas un centime de plus que ce qu’il a déjà payé à l’occupant, il aura travaillé pour rien.
Ce que Jean-Baptiste demande au collecteur d’impôts, c’est de refuser d’être une courroie de transmission de la violence. Et de payer lui-même le prix de ce refus.
Ça, c’est peut-être plus dur que de tout plaquer pour devenir un Avengers.
Nous aussi, nous sommes appelés à cette simple radicalité : refuser d’être les courroies de transmission de la violence ordinaire.
Refuser d’être les rouages du système d’oppression.
Montrer de l’empathie même quand cela a l’air ridicule. Dire non dans une situation où tous détournent le regard. Rejeter l’injonction capitaliste à désirer plus d’argent. Faire passer le nécessaire d’un inconnu avant notre superflu. Si nous sommes prêts à tout, pourquoi ne sommes-nous pas prêts à ça ?
Peut-être parce que croire que ce sont les glorieux coups d’éclat qui changeront le monde est un symptôme de ce monde-ci, pas tant masculin que masculiniste. Ça aussi, nous sommes appelés à le laisser derrière.
La simple radicalité à laquelle nous appelle Jean-Baptiste, ce n’est pas des petits riens, ce n’est pas la cerise sur le gâteau, pendant que les vrais héros se battent au front. C’est le nœud du problème. C’est devenir un arbre dont les branches feront de l’ombre à la terre brûlée, un arbre qui donnera du fruit pour rassasier les affamés, un arbre dont les racines fissureront les fondations même des systèmes d’oppression.
Ce travail-là est peut-être simple, simple comme dire non, simple comme dire oui, mais il n’est pas facile, et il durera jusqu’à la fin de ce monde.
Pour ce genre de travail, un travail ingrat, un travail invisible, un travail jamais fini, il y a en anglais une expression : a woman’s work. Un travail de femme. ↓
Clémentine Besse

Clémentine Besse a choisi d’être optimiste parce qu’elle n’avait pas l’énergie d’être pessimiste. Elle aime les enfants, boire de la tisane avec ses ami.e.s, marcher au bord de l’eau quand il y a beaucoup de vent et lire des BD. Elle croit que Dieu est là, avec elle, à chaque fois qu’elle a les deux pieds dans la boue.