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Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

S4 Episode 7

01/01/2023 – Fête de Marie

Lecture de l’évangile : Estelle

Homélie : Keeva Malonga

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Nb 6, 22-27
Ps 66
Ga 4, 4-7
Lc 2, 16-21
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

Chacune et chacun le sait, le 1er janvier n’est pas seulement le premier jour de la nouvelle année, et à ce propos je tiens à vous souhaiter à toutes et à tous qui m’écoutez aujourd’hui une sainte année 2023, mais c’est également, pour les catholiques, le jour d’une fête importante : une solennité, pour être précise, celle de Marie, Mère de Dieu, en grec Theotokos, en latin Sancta Maria Dei Genitrix.
C’est au Concile d’Éphèse en 431 que Marie est proclamée Mère de Dieu, puisque son Fils, Jésus-Christ, est Dieu, ce que proclame le Concile de Nicée en 325. La fête liturgique qui s’y rattache date quant à elle du XXe siècle, même si bien sûr, on trouve trace de la célébration de la maternité divine de Marie bien avant.
Je vous propose donc de regarder de plus près les textes bibliques de ce 1er janvier afin de s’enquérir de ce qu’il nous apprennent sur Marie reconnue comme la Mère de Dieu.
Dans ces textes choisis, il n’est explicitement question de Marie que dans l’Évangile, et de manière relativement discrète, ce qui est pour le moins surprenant. Paul y fait allusion dans sa lettre, de manière extrêmement vague, lorsqu’il évoque « une femme ». Dans l’Évangile, Marie, n’est mentionnée que deux fois et jamais sous le titre de Mère. C’est, une première fois « Marie et Joseph », puis une seconde fois « Marie » seulement. Les lectures précédentes (soit la première lecture et le psaume) ne se rapportent pas non plus à une figure féminine pouvant évoquer la figure Marie, comme Sarah, la femme d’Abraham, par exemple.
Il est, en effet question dans les textes qui précédent l’Évangile, et même au sein de
l’Évangile lui-même, de fils, de filiation, et plus précisément de filiation divine. Dans la première lecture, il est ainsi question des fils d’Aaron auxquels Moïse s’adresse, selon le commandement de Dieu, afin qu’ils bénissent les fils d’Israël, pour être à leur tour bénis de Dieu. C’est toute la « gymnastique », si je puis me permettre ce terme, de l’élection, où celles et ceux qui bénissent l’élu sont à leur tour bénis de Dieu. C’est le cas typique de la promesse que Dieu fait à Abraham, son élu, au 12 chapitre Genèse, : « Je bénirai ceux qui te béniront ; celui qui te maudira, je le réprouverai. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. »
De fils élus, de fils choisis, il n’en cependant pas explicitement question dans le Psaume, mais plutôt implicitement. Et il ne s’agit pas seulement de fils élus mais également des Nations, terme biblique qui désigne l’humanité non élue par opposition et distinction avec le peuple élu. Or, dans le Psaume, les uns comme les autres sont appelés à rendre grâce au Dieu saint, au Dieu juste. Là encore, la bénédiction divine d’Israël, apparaît comme le moyen de la bénédiction de tous, le lieu du salut de tous.
Les textes du Nouveau Testament, nous renseignent, quant à eux, sur la nature de ce salut divin que le Psaume évoque, ce salut consiste en l’envoi d’un fils — là encore —, d’un fils né d’une femme, issu du peuple d’Israël, qui rachète non seulement son peuple mais qui fait également entrer l’humanité entière dans l’adoption filiale, faisant ainsi des uns comme des autres les dignes fils et filles héritiers du Père dans l’Esprit.
Marie quant à elle, nous l’avons dit, n’apparaît explicitement que dans l’Évangile, et implicitement dans la lettre de Paul, qui rappelle que le fils de Dieu est né « d’une femme ». L’on comprend à partir de ces deux textes que Marie est la mère du salut, c’est-à-dire la mère de Jésus-Christ, le Fils de Dieu envoyé par Dieu. Sur cette figure, Marie, Mère de Dieu l’on apprend ainsi plusieurs choses : Marie se laisse découvrir par ceux qui la cherche, elle se tient auprès de son Fils et de son époux Joseph, c’est donc près de son Fils que l’on peut la trouver, elle dotée d’une grande profondeur spirituelle, attentive aux événements qui marquent son existence, elle n’est pas indifférente à la relation à l’autre, elle ne répugne pas, en ce sens, à faire une place de choix dans son existence au témoignage de simples bergers qu’elle médite et garde dans son coeur.
Mais pourquoi, les textes de ce jour, de ce premier janvier, fête de Marie mère de Dieu, témoignent-ils, on l’a vu, d’une si grande attention à la filiation, plutôt oserai-je dire qu’à la maternité de Marie ?
La fête de Marie Mère de Dieu célèbre le mystère de la maternité divine de Marie et corrélativement le mystère de l’incarnation, car c’est bien en Marie que le Fils de Dieu s’est fait homme. Ce Fils a donc Dieu pour Père et Marie pour Mère, et c’est du premier comme de la seconde que nous le recevons. La paternité de Dieu et la maternité divine de Marie visent, en effet, l’engendrement d’un Fils, et à travers lui, dans son acte, c’est-à-dire dans sa vie et dans sa mort, d’une multitude de fils et de filles issus du peuple élu et des nations. Les textes choisis pour cette célébration insistent donc plus sur ce que la maternité divine de Marie fait, c’est-à-dire sur ce qu’elle engendre, sur ce qu’elle produit ; que sur ce qu’elle est, qui demeure pour nous comme sous un voile. La maternité divine de Marie est au dimension du cosmos, en ce sens, en étant la mère de Dieu, Marie est aussi la mère de tous, c’est-à-dire tous ceux qui sont introduit dans la filiation divine de son Fils, et qui deviennent par là même, non seulement fils de Dieu, mais héritiers en Christ. Voici, comme le souligne Paul dans sa lettre, l’oeuvre de Dieu, voici l’oeuvre du salut.

Keeva Malonga

Keeva Malonga (@Keeva_Malonga), 30 ans, doctorante en théologie, souhaite devenir enseignante-chercheuse en théologie. Elle se spécialise en christologie et s’intéresse également de près aux questions relatives à la place des femmes dans l’Église et notamment à la place des femmes en théologie. Elle a créé pour ce faire deux comptes Instagram : @LaThéologiePourToutes et @Christologie.I, sur lesquels elle partage sur ces deux sujets. D’autres projets sont également en cours en ce sens.