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Bonne
Nouv.elle
!
— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.
S4 Episode 5
25/12/2022 – Noël
Lecture de l’évangile : Marina
Textes du jour
Is 9, 1-6
Ps 95
Tm 2, 11-14
Lc 2, 1-14
(Lire les textes sur aelf.org)
Le texte de l’homélie
Noël
c’était la Date qui scintille dans les longues nuit d’hiver.
La promesse d’une longue fête qui nous coucherait très tard, après avoir réveillonné tous les 5 avec nos parents : LA FAMILLE.
Noël c’était cette date qui clignote et qui me faisait bondir d’impatience.
Je me délectais du temps de l’avent, de la joie de l’attente et de la préparation du RDV, où plus l’heure approche et plus on se sent heureux, et on s’habille le coeur comme dit le Renard au Petit prince.
Noël c’était une succession de rituels auxquels nous ne voulions pas déroger mon petit frère et moi, nous exigions toujours que les préparatifs soient fait en bonne et due forme, ma mère négociant au fil des années de modifier telle ou telle étape. Mais Noël nous rendant plus traditionnels que nos parents : non non pas de modification possible, pour les deux derniers de la famille.
Ces rites immuables, c’était l’enfance vivante en nous, un pied de nez au temps qui passe.
Après la messe de minuit, nous nous réunissions devant la crèche où l’on déposait le petit Jésus entre Marie, Joseph, l’âne et le boeuf.
Là, chacun y disait à voix haute une intention de prière.
Ce rituel nous l’avons tant imité depuis, avec mon petit frère.
La solennité de l’instant, l’absence de naturel de cette forme pleine de bonnes intentions mais aussi de commisération où l’on priait pour les malheurs des uns et des autres, la joie de connaître dieu,
d’être ensemble, générait chez nous des fous rires nerveux.
Ce rituel, nous l’avons tenu jusqu’au dernier Noël ensemble en 2011.
Car oui, cette année là,
Aussi étrange que cela puisse paraître, alors que 3 mois auparavant ma seconde soeur nous révéla l’inceste qu’elle subit de mon père, nous étions réunis pour prier ensemble devant la crèche.
Nous avons, à voix haute formulé des intentions de prières.
L’ambiance générale était étrangement blagueuse.
Comme si nous étions au-delà de cette horreur,
Au-delà des liens qui fondaient nos relations,
Presque héroïques de « savoir » être ensemble ce soir là,
Au-delà du Mal,
Trouvant notre Salut en empruntant immédiatement la voie du Pardon,
Termes chers à l’Eglise. Termes remparts à l’explosion nécessaire et inéluctable.
Nous étions en réalité en état de choc,
Et plein d’un déni d’une emprise si puissante,
A constater que les fondations de nos liens étaient pourries,
La poutre maitresse dévorée depuis bien longtemps par le champignon,
Sur le point de s’effondrer
Emportant avec elle les réponses toutes faites et les concepts galvaudés.
Nous étions dans une configuration nouvelle,
comme en pleine nuit à marcher dans un paysage inconnu.
Ma soeur avait libéré enfin sa parole.
On parle beaucoup de cela : libérer la parole.
C’est indispensable.
Pour la victime et pour protéger les autres aussi.
Pour commencer à se libérer de celui qui a volé l’insouciance
Laissant la chair et le coeur à vif,
plein de symptômes d’une maladie incurable,
Qui rongent le corps abusé, le corps utilisé, manipulé.
Mais ce qu’on ne dit pas assez
C’est que c’est extrêmement difficile et complexe.
Les sentiments ne sont pas manichéens : se libérer d’un secret qui a empoisonné une existence mais autour duquel, la personne s’est construite, devenant elle-même un coffre fort du secret,
C’est pour elle,
Je crois
Comme exposer au grand jour,
L’antidote secret
de sa rage de vie et de sa survie.
C’est malgré tout
Précieux.
Cela amène à tout un tas de situations paradoxales et douloureuses,
Qui sont difficiles à concevoir et à comprendre.
Ce qu’on ne dit pas assez non plus
C’est que le cheminement personnel, la réception du choc, de la déflagration sera long et infini, pour chacun des membres de la famille.
Renversant la Notion du Temps.
Le temps de la parole, n’est pas le même que le temps de l’esprit,
que le temps du corps
ainsi que le temps du coeur.
Après cela j’ai fuit Noël longtemps.
Je m’exaspérais de l’injonction familiale qui s’impose partout à nous dans cette période
Et qui force les liens
Faisant de cette fête,
un moment obligatoire,
où l’alcool et la dinde
aident à amollir les tensions.
Noël,
c’est la célébration de la naissance d’un petit roi,
venu pour sauver les hommes,
et dont le règne n’aura pas de fin.
C’est la jalousie meurtrière du Roi Hérode qui assassine des bébés de peur d’être détrôné.
Mais malgré le danger qui court,
Noël,
c’est la Victoire de Marie qui parvient à mettre au monde l’enfant
Avec la complicité de Joseph.
Sur la paille d’une mangeoire qui leur tient lieu de refuge,
le souffle chaud des bêtes et l’amour viennent envelopper l’enfant.
Voici qu’une famille se découvre et s’invente.
Bienvenue sur Terre, petit Jésus.
Bienvenue sur Terre, miracle de la vie.
Au milieu des nuits les plus longues, une étoile est née.
Nouveau guide pour qui connait la carte.
Explosion de matière, reconfiguration astral
Tout est en mouvement.
Et voilà la proposition d’un chemin
d’espérance.
Une promesse.
Cette année, c’est le premier Noël de ma fille.
Elle m’émerveille.
Je me sens pleine de gratitude d’être sa mère.
Parfois, je me sens petite à ses côtés.
Depuis qu’elle est née,
je la vois comme très puissante
et pleine d’un savoir qui lui est propre,
qui impose le respect, l’humilité et le silence.
Un savoir d’ailleurs.
D’un être céleste et aquatique.
On parle de l’empreinte de l’ange
entre la bouche et le nez du nourrisson.
L’enfant avant de naître connaitrait tous les secrets de la vie,
L’Ange lui a dit de ne pas les répéter et a apposé son doigt à cet endroit.
Depuis qu’elle est née j’ai cette pensée.
Nous venons du néant.
Nous venons de la Nuit.
Nous quittons notre nid utérin
guidé par les cris de notre mère,
nous engageant dans une lutte dans le col vers la lumière
Où l’on répond à notre tour par un cri.
J’aime cette pensée qui m’habite .
D’où vient cette puissance de vie ?
Noël,
la célébration de la naissance de Jésus
c’est l’occasion de regarder le miroir de notre passé commun, oublié.
Nous nous étonnons tous d’avoir été cela.
Et nos souvenirs sont piégés dans l’inconscient.
Noël,
c’est pour certains des blessures ravivées.
Ca pourrait-être cette question
Comment appréhender la nuit ?
Peut-être qu’une réponse scintille
Du côté du silence et de l’humilité
Dans l’émerveillement face
A ce que l’on a su et l’on ignore désormais
face à ce qui nous bouleverse.
Peut-être qu’une réponse scintille
Dans le cri,
nécessaire
Pour soulager la douleur et délivrer la vie
Nécessaire pour ouvrir les poumons
Et respirer par soi-même…
Joyeux et chaleureux Noël ! ↓
Flore

Flore est née dans une famille catholique pratiquante. Sa mère lui témoigne souvent que petite elle chantait « alléluia alléluia » à tue tête, joyeusement, debout sur le banc de l’église.
Elle jouait à être religieuse et été fascinée par sainte Thérèse sainte Bernadette.
Aujourd’hui, elle aime toujours autant chanter mais elle est devenue comédienne.
Elle aime entrer dans les églises pour allumer les bougies.