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Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

S3 Episode 18

13/03/2022 – 2e dimanche de Carême

Lecture de l’évangile : Eloïse

Homélie : Anne

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Gn 15, 5-12.17-18
Ps 26
Ph 3, 17 – 4, 1
Lc 9, 28b-36
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

Ce jour-là, Jésus se met en route avec trois de ses disciples. Ils le suivent, et gravissent cette montagne. Lorsqu’ils arrivent ils ont sans doute un peu chaud, leur cœur bat plus vite, ils sont essoufflés de l’effort qu’ils viennent de faire.
La montagne est le lieu symbolique qui permet de se rapprocher de Dieu, là où il a parlé, à Moïse sur le Sinaï, à Elie sur le Mont Horeb. Et ce jour-là, Jésus et ses disciples se mettent aussi en route, pour gravir cette montagne, pour rencontrer Dieu.
Rencontrer Dieu, s’approcher de lui, c’est se mettre en chemin, un chemin que nous pouvons faire accompagné.es, en suivant le Christ.
Les disciples arrivent en haut, le sommeil les guette. Pourtant ils luttent pour ne pas dormir, et ils regardent. Ils voient Jésus qui est entré en prière et qui change. Pierre reconnaît les deux hommes avec qui il parle, Moïse et Elie. Mais il ne comprend pas tout à fait ; Pierre ne sait pas vraiment ce qu’il dit quand il propose de dresser trois tentes. Pierre m’est sympathique, il veut sans doute bien faire, mais il est un peu à côté.
Pierre, comme les deux autres disciples, voit le changement de Jésus, l’aspect de son visage qui devient « autre ». Quelque chose est en train de se passer, une lumière nouvelle émane de lui, son habit devient « d’une blancheur éblouissante » ; cela doit être beau. Est-ce que cela éblouit ? Cela doit émerveiller.
Ce changement intérieur, celui né de la prière, est visible aux yeux des autres. Cette lumière qui vient de Dieu, celle qui donne un autre éclat au visage, nous y sommes aussi appelés. La promesse qu’annonce Paul, de nos pauvres corps qui, à l’image du corps glorieux du Christ, sont promis à une transformation, commence dès aujourd’hui. Ici et maintenant, une lumière qui vient de Dieu peut habiter nos corps et se donner à voir dans nos vies. J’ai de la chance car je l’ai déjà aperçue, dans des regards bons, des paroles ajustées et des mains tendues.
Cette lumière, elle doit ressembler à la joie que l’on éprouve parfois, qui est en nous mais qui n’est pas de nous, que l’on sent nous transformer et nous ouvrir au monde.
Et je me dis qu’en regardant Jésus faire, en cultivant une disposition à la prière, je pourrais aussi accueillir cette lumière.
Car la lumière, j’en ai besoin. Régulièrement en ce moment. Je m’efforce à gravir des montagnes, d’essayer de bien faire et de tenir bon, de lutter contre la fatigue et d’accompagner celles et ceux avec qui je marche. Mais comme pour les disciples, la nuée tombe parfois d’un coup et me couvre « de son ombre ». Parfois il m’arrive de ne plus voir, ou de voir tout en noir, d’être emplie de crainte. Une crainte vive, intense, et qui peut surgir lorsqu’on est fatigué.e d’un hiver ou d’une maladie qui n’en finit pas, épuisé.e par une montée aride, des cailloux dans lesquels on s’est empêtrés, des branches qui nous ont blessés, un orage de mauvaises nouvelles qui ont inquiété, ou tout simplement le poids de la journée.
Alors les disciples me rassurent. Eux sont avec Jésus, ils viennent de le voir dans la gloire. Et pourtant, lorsque la nuée survient, leur première réaction est la frayeur ; comme celle, bien « sombre » qui saisit Abram, alors tombé dans un profond sommeil. Comme celle qui parfois pointe son nez, à la nuit tombée.
La nuée tombe. Elle interrompt Pierre dans sa proposition, elle masque Jésus. Il n’y a plus de repères. Il y a de quoi être un peu paniqué. Pourtant tout de suite ils ne sont pas seuls, ils entendent cette parole qui vient de la nuée même et leur confirme que Jésus est le Fils choisi, celui qu’il faut écouter.
Les disciples entendent une voix qui leur dit d’écouter.
Alors cette question vient à moi : est-ce que parfois, au lieu de s’obstiner à essayer de voir, ne faudrait-il pas juste rester éveillé.e, calmer le tourbillon intérieur et écouter ?
La lumière vient d’ailleurs, elle vient d’une parole qui se donne à entendre au milieu des ténèbres. Elle vient de proches ou d’inconnu.es, d’un geste de bonté ou d’une poésie remémorée. Une parole jaillit ici et là, survenue à propos alors qu’on ne l’attendait pas. Celle, assurée, qui calme la tempête, celle, douce, qui rassure et apaise, celle qui fait rire et dissipe les derniers nuages, celle qui rétablit la lumière et pointe le chemin à suivre. Cette parole résonne alors, pleine de justesse et annonciatrice d’une promesse ; elle cultive en nous l’espérance et nous redonne confiance.
Au milieu des ténèbres, une parole de lumière surgit pour consoler, comme ces étoiles de la descendance d’Abram, signe d’une promesse et d’un désir exaucé, trop nombreuses pour être comptées et qui continuent, par-delà la mort et les années, à nous rejoindre et briller.

Anne

Anne aime les histoires, les lire et les écouter, les découvrir et les raconter, les écrire et les rêver.