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Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

06/03/2022 – 1er dimanche de Carême

Lecture de l’évangile : Astrid

Homélie : Joëlle Ferry

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Un soupir, encore ! Dans notre imaginaire, le carême ce peut être une période d’austérité, de privations, d’ascèse, voire d’interdits. Ne dit-on pas avoir une « face de carême » ? Pas très attirant.
Mais, plus profondément, peut-être éprouvons-nous la joie intérieure de nous mettre avec détermination à la suite de Jésus, de nous engager dans un chemin de conversion. « Seigneur, tourne-moi, tourne-nous vers toi ! pour que quelque chose de nouveau survienne.
Nous lisons en ce dimanche le récit des tentations de Jésus selon Luc à un moment où, pour nous, dans le monde, les épreuves sont nombreuses :
– violences de tous ordres, guerres en plusieurs pays, en Ukraine, « l’absurdité diabolique de la violence » pour reprendre les mots du Pape François. La toute-puissance de certains semble ne pas avoir de limite.
– Découverte d’abus de pouvoir, de conscience, abus sexuels, de façon massive
– La pandémie sur toute la planète
– Etc…
sans compter nos épreuves personnelles qu’elles surgissent d’événements extérieurs ou du fond de nous-mêmes… Que faire alors ? nous demandons-nous souvent !
Regarder le Christ, telle est la proposition de la liturgie de ce jour. Le contempler dans son combat contre le diable, le diviseur…
Dans cet épisode, Luc souligne en finale que Jésus « ayant épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna jusqu’au moment fixé ». Ce récit est comme le prologue, l’anticipation de ce que vivra le Christ à Jérusalem, lieu de la passion, le moment fixé, le moment décisif, le moment du salut càd de la victoire de la vie sur la mort.
Trois points pour aider à contempler cette expérience mystique de Jésus.
1. Le désert
2. La tentation
3. La parole
Le désert
Jésus est habité par l’Esprit, conduit au désert par l’Esprit. Le désert, à la fois on y aspire et on le craint. Lieu de la rencontre de Dieu, de l’alliance, mais aussi de la solitude, de la mise à nu, du combat où l’on éprouve le besoin le manque.
En ce temps de désert, Jésus fait l’expérience des tentations
Le diable suggère à Jésus d’user de son identité filiale pour échapper à la condition humaine : « si, puisque, tu es le Fils de Dieu » : alors fais, dis, jette-toi en bas …
Trois tentations dont Jésus sort vainqueur en vrai « fils de Dieu »
– La faim : La tentation de se servir de Dieu pour la satisfaction de ses besoins immédiats. Voici la réponse de Jésus : tout recevoir du Père.
– La tentation du pouvoir, de la domination, de la toute-puissance. Jésus sera le serviteur humilié qui se livre pour le salut de tous.
– La tentation du prestige, du succès mondain, de l’esbroufe, du « tape-à-l’œil ». Jésus affirme sa dépendance amoureuse du Père.
Ces tentations de Jésus qui sont exemplaires de celles que nous pouvons traverser.
Au fond, il s’agit d’un combat de paroles
Dans cette lutte pied à pied, parole contre parole, dans ce combat qui le conduira à la passion, Jésus ne met pas en avant sa propre parole, il n’entre pas en dialogue avec le diable car le diable n’est pas une réalité solide, Jésus, lui, proclame la parole de Dieu qui fonde son existence :
– L’être humain ne vit pas seulement de pain
– Tu adoreras le Seigneur ton Dieu
– Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu
L’enjeu est de choisir, choisir qui adorer, enjeu qui nous renvoie à nos images de Dieu :
– le Dieu tout-puissant, omnipotent, la foi est alors pervertie en instrument de manipulation religieuse
– ou le Dieu qui adresse une parole vivante, qui ouvre un chemin de vérité, qui conduira Jésus, dans une fidélité profonde au « moment fixé », au kairos de la croix, donnant sa vie pour la multitude.
C’est en cela que le carême est un temps de conversion.
Qu’est-ce que la conversion ? un mouvement de retournement dont Dieu lui-même est la source : « Seigneur, fais-moi revenir, que je revienne » comme le dit le prophète Jérémie.
Fais-nous revenir. La démarche de conversion est à la fois personnelle, communautaire et ecclésiale. Elle est accueil de l’œuvre de Dieu en chacun de nous, sortie de soi pour s’ouvrir à l’amour. Des modalités nous en ont été données le mercredi des cendres : faire l’aumône, prier, jeûner ; autrement dit : avoir des gestes d’amour pour l’autre, dialoguer avec Dieu dans l’écoute de sa parole, vivre le manque comme un chemin de pauvreté et d’humilité.
En ce dimanche, demandons la grâce de suivre le Christ jusqu’en sa traversée pascale, d’écouter le Père, de vivre dans l’Esprit qui conduit au désert. Que cet Esprit nous donne de vivre ce Carême comme un temps béni. Bonne route vers Pâques ! ↓