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Bonne
Nouv.elle
!
— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.
S3 Episode 12
06/02/2022 – 5e dimanche du temps ordinaire
Lecture de l’évangile : Marina
Textes du jour
Is 6, 1-8
Ps 137
1 Co 15, 1-11
Lc 5, 1-11
(Lire les textes sur aelf.org)
Le texte de l’homélie
Ce qui me touche dans cet évangile, ce sont les dimensions données par Jésus à ce jour de pêche, au départ comme les autres.
Ce jour de pêche est aussi à l’image de ma vie de mon quotidien. Comment Jésus vient alors, lui aussi, le redimensionner ?
La première chose que j’observe, c’est que Jésus se tient présent dans ma vie et se met à ma mesure.
Jésus enseigne les foules où elles sont.
Il s’invite dans le quotidien de ces pêcheurs, où ils sont. Il monte DANS la barque de Simon.
Jésus embarque DANS MA VIE. Il me tend la main pour qu’avec lui, je monte dans MA barque, et que je m’écarte légèrement de la rive, pour ce premier pas de côté avec lui. Quelle douceur, quelle simplicité. Il est là où je suis, pas ailleurs. Mais il ne se contente pas d’être là à mes côtés, d’utiliser ma barque pour parler aux foules. Non. Dans le même bateau que moi, il sait, il sait ce qui me manque : les pêcheurs manquaient de poisson comme moi aussi parfois j’éprouve le manque de ce qui me fait vivre : le lien, l’intensité, la richesse intérieure, les rencontres, les découvertes…. Il sait les efforts que j’ai menés, pour trouver cette nourriture. Il sait mon découragement à avoir parfois pêché toute la nuit sans rien prendre. Et alors sa première parole, est “Avance au large”. Nouvelle dimension. Elargissement. “Vas y, lâche les amarres, n’aies pas peur, regarde, le vent souffle, je suis là, l’horizon est trop grand pour que tu restes accrochée au bord du lac”. Cette invitation, c’est une invitation pour moi à aller vers une Vie en Grand. Un “GO !” qu’il est si bon d’entendre, une main qui me pousse tendrement vers la largeur de ma vie, qui me fait lever les yeux, oser.
Et puis, il continue. “Avance au large, et recommence”. Plonge. Plonge tes filets. A nouveau, ce que tu as, ton outil de travail, ce que tu es, toi, Simon, toi Clémentine, ne le laisse pas sur la rive, ne le garde pas dans ta barque. Prend le à bras le corps et replonge le dans l’eau. Encore, encore. Invitation à une confiance qui dépasse toute impatience, toute défaite. Mais oui, peut-être qu’avec lui à mes côtés, je peux essayer. A nouveau. Renouvellement. Recommencement. Rejaillissement d’une force nouvelle là où il n’y en avait plus. En un mot, résurrection ?
Et là, surprise. Il ne m’a rien demandé d’autre que ma barque et mon filet, si ce n’est un acte de foi. Il connait mes ressources, il ne m’en demande pas d’autres choses. Il a juste besoin de ma confiance.
Et alors, ce filet, mon filet, descendu dans de nouvelles profondeurs remonte plein à craquer. Jésus, m’offre une Vie pleine, une nourriture abondante. Moi qui ai faim, il me nourrit au-delà de toute espérance. Et alors, j’en suis dépassée. J’ai besoin d’appeler mes frères et sœurs pour m’aider à récolter tous ces fruits, ces poissons. Cette abondance, c’est trop pour moi toute seule, elle doit se partager. Ce filet plein, c’est une invitation pour moi à continuer d’avoir faim. A ne pas me contenter d’une pêche au rabais, une pêche que je fais seule, sans Lui. Une invitation à l’espérance sans limite.
Et devant mon incrédulité, devant mon manque de foi, Jésus, encore, m’accompagne. Il me dit “sois sans crainte”, il me rassure. Et il transcende : “désormais ce sont des êtres humains que tu prendras”. La vie de Simon-Pierre, par cette phrase, est humanisée. Elle prend sens. Son talent de pêcheur, sa condition seront, par la grâce de Jésus, humanisants pour d’autres. Parce que Simon-Pierre aura expérimenté l’abondance dans cette pêche miraculeuse, il pourra l’expérimenter à nouveau, ailleurs, là où le Christ le mène.
C’est alors, enfin, qu’il pourra tout laisser, aller avec lui, dans cette radicalité qui prend racine dans cette expérience de grand large, de confiance, de recommencement, de fécondité, d’appel.
De même, peut-être que moi aussi, je pourrai quitter, quitter ce bord de rive, pour prendre le large avec lui.
Dans tout cet évangile, Jésus collabore avec tous les mouvements intérieurs des pêcheurs, qui sont tantôt dubitatifs, découragés, puis intrigués, surpris, dépassés, terrifiés… et finalement enthousiastes, enflammés, engagés. A chaque étape, Jésus est là. Il n’a pas demandé aux pêcheurs de tout quitter pour le suivre dès le début. Sans doute qu’ils n’étaient pas prêts. Alors il a suivi leur rythme, apportant Sa dimension à leur vie. Et de même, il est là, à mon rythme, et il apporte sa dimension à ma vie. Il me devance, m’accompagne, il me guide par ses paroles, ses invitations, ses gestes, sa pédagogie. Tout cela se fait en douceur, au gré de mes vents contraires, de mes découragements, de mes réticences, de mes abandons.
Alors, Seigneur, je te confie mes rives. Ces lieux de peurs, de petitesses, de timidité, de découragement. Je te confie mes filets vides, les seaux où frétillent quelques maigres poissons, qui ne comblent pas ma faim. Accompagne mon bras pour qu’à nouveau, en ta présence, dépassant tout découragement ou toute impatience, je jette les filets encore, au fond de moi-même, au fond de cet Océan qu’est la vie, que je plonge pour m’ouvrir à l’abondance, à la fécondité de la vie avec toi. Que ces fruits aussi se partagent, dans le lien, l’entraide, pour remonter à plusieurs ces filets que tu emplis d’une nourriture abondante. Seigneur, je te confie aussi mes envies de grand large, mais la peur d’y aller, je te confie l’envie de te suivre à l’image de ces hommes et ces femmes qui quittent tout. Je veux aussi devenir une pécheuse d’hommes et de femmes, grandir en humanité et te suivre.
Merci de te mettre à ma mesure, merci d’élargir ma vie, merci de l’enrichir, de la transcender. Merci de me redimensionner.
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Clémentine Perier

Clémentine est chercheuse… de Trésors. Elle cherche à les débusquer dans les yeux d’une personnes, derrière les mots, au détour d’une ruelle ou au cours d’aventures improvisées. Travail, relations, voyages : tout est une chasse aux trésors. Une quête jamais terminée mais bien accompagnée, par Celui qui lui dit chaque jour « lève les yeux et regarde ».