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Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

S2 Episode 24

04/04/21
Pâques

Lecture de l’évangile : Marina

Homélie : Loan Rocher

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Ac 10, 34-43
Ps 117, 1-2.16-23
Col 3, 1-4
Jn 20, 1-9
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

Le premier jour de la semaine. Il me semble que c’est dimanche, le jour du Seigneur, le soleil. Et c’est une femme, Marie-Madeleine, la première qui se rend au tombeau de grand matin, et c’est encore les ténèbres. Oh oui, c’est bien à l’heure la plus sombre de la nuit que pointe la lumière de l’aube !
La pierre du tombeau est enlevée. Le Seigneur a été enlevé de son tombeau. Y’a de quoi tomber de haut ! Elle court prévenir ses frères. Ils courent au tombeau et il vit et cru. Les disciples n’avaient pas compris que selon l’Ecriture il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Combien de fois dans ma vie j’ai fait cette expérience de mort et résurrection ? Les fameux clin Dieu·e de notre Seigneur.
A vingt ans j’ai fait une expérience qui m’a marquée. J’étais perdue, désœuvrée, ne sachant pas qui j’étais. Et ce jour-là j’écrivais sur mon cahier de conscience mes états d’âme qui étaient tristes à mourir et une question précise est venue dans ma tête : « Qu’est-ce que tu veux vraiment faire de ta vie ? » Et voilà que je me mets écrire en écriture automatique, première fois que je faisais cette expérience, quelque chose. Quand je récupère mon bras – parce que je voulais que ça soit moi qui garde la volonté sur mon bras – j’ai écrit la réponse stupéfiante, déconcertante, ébranlante : « Je veux être un guide spirituel. » J’ai tout refermé, je suis rentrée dans le déni et je n’ai pas voulu en entendre parler pendant vingt ans.
Deuxième clin Dieu·e, à l’âge de trente ans. En mon for intérieur je savais que j’avais fait un mariage de raison plus qu’un mariage d’amour – je voulais être normale, rentrer dans les cases- et nous avions déjà un enfant, un bébé. Et je n’étais pas loin de faire cette bêtise de ne pas vouloir rentrer, comme une personne qui va acheter une baguette et qui ne revient pas et qui ne prévient pas, qui a disparue. Des idées noires des boulets aux pieds, triste. Je n’étais pas à l’Eglise à l’époque, je ne pratiquais pas, j’avais laissé ma foi en crise de côté. Je voulais me débrouiller toute seule avec ma volonté personnelle.
Avec ces idées noires, mes pas m’ont guidée dans une petite impasse, chapelle Saint Thomas d’Aquin à Paris. Il faisait triste et gris dans Paris ce jour-là, ça n’arrangeait pas les choses. J’ai fait une autre expérience de clin Dieu·e du Seigneur. J’ai été pleurer toutes les larmes de mon corps devant la croix, devant l’hôtel. Et à un moment donné je retire mes mains de mon visage, à genoux, et je dis à la croix : « mais si ce que je fais c’est vraiment ce que j’ai à faire, est-ce que vous pouvez me donner un signe, donnez-moi un signe ». Et voilà qu’à ce moment préçis, il passe un rayon de soleil à travers le vitrail à ma droite et ça tombe sur mes mains et ça éclaire mes mains et je regarde la croix, mes mains éclairées et le rayon de soleil et je me dis « mais qu’est-ce qui se passe, ce n’est pas possible, c’est aussi simple, une réponse aussi vite, j’ai du mal à le croire » et pourtant c’était là. Je suis ressortie de cette expérience spirituelle, je n’avais plus mes boulets aux pieds ni mes idées noires et je suis rentrée à la maison.
Troisième expérience marquante, assez récente. En octobre 2016, ma petite maman est retournée au ciel. Un mois après ma compagne était enceinte. Mort et renaissance. La vie est vraiment un paradoxe. Les étoiles qui brillent dans le ciel lorsqu’il fait nuit, elles sont déjà mortes, elles ont explosé. Et c’est parce qu’elles sont dans l’obscurité qu’on peut les voir. Accueillir et accepter que la mort fait partie de la vie, comme la maladie de la santé, l’ombre et la lumière, etc.
D’ailleurs en physique, nous savons bien que la lumière vient de la lumière et que l’obscurité c’est de la lumière qui n’a pas abouti. J’ose ce parallèle avec le bien et le mal. Le mal, c’est du bien qui n’a pas abouti. Dieu·e n’étant qu’amour et lumière parfaite et que le bien. Peut-être que c’est en acceptant de se perdre que nous pouvons mieux se retrouver, que c’est en se donnant que nous pouvons recevoir. Unifier, réunir, relier ce qui semble opposé, séparé, dans sa paix.
« Jésus le Christ, lumière intérieure, ne laisse pas mes ténèbres me parler. Jésus le Christ, lumière intérieure, donne-moi d’accueillir ton amour. »

Loan Rocher

Je suis Loan Rocher, femme transgenre croyante engagée pour les droits des personnes LGBTQI+ dans l’église.
Membre d’une association LGBTQI+ croyantes : Le Carrefour des chrétiens inclusifs.
Membre d’une communauté d’alliance contemplative : La Communion Béthanie.
Membre du collectif féministe engagé pour l’égalité des femmes et des hommes dans la gouvernance de l’église : “Toutes Apôtres !”