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Bonne
Nouv.elle
!
— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.
S2 Episode 19
21/03/21
5ème dimanche du Carême
Lecture de l’évangile : Flore
Textes du jour
Le texte de l’homélie
Dans cet évangile, Jésus opère un virage décisif dans la mission que le père lui a confiée. Après l’acclamation de la foule, il nous annonce sa mort prochaine et comment le Père se glorifie en lui. Cet évangile nous est d’ailleurs adressé à toutes et à tous, disciples que nous sommes.
Je ne sais pas vous, mais moi, je suis comme ces grecs qui montent à Jérusalem. J’aimerai bien voir Jésus ! Combien de fois aurais-je voulu m’assoir sur un banc avec lui et me laisser enseigner de vive voix. Quelle chance ont-ils de s’approcher de lui ! Oui parce qu’il y a une question qui m’habite depuis des années… depuis ma conversion. Qu’est-ce qui m’assure que je suis bien disciple? Suis-je bien la disciple de mon bien-aimé? Chaque jour je me la pose cette question. Et ce passage de l’Evangile je l’aime tout particulièrement. Parce qu’il est pour moi un phare dans la nuit. Une parole du Christ qui me ramène sans cesse à mon baptême et m’invite sans relâche à la conversion intérieure.
Jésus nous dit « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle ». Mais quelle parole! Il n’y va pas avec le dos de la cuillère Jésus. Ce n’est pas très enthousiasmant. Pas très attrayant. Quel pied de nez à la doxa du développement personnel. Voilà bien un drôle de coach! Je ne suis pas sure qu’aujourd’hui Jésus aurait beaucoup de followers avec de pareils discours. Mais Jésus nous dit bien juste avant : »si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Jésus nous rappelle combien le repli sur soi nous emmure et nous isole. Et cela change tout! Jésus ne nous invite pas à haire notre propre vie. Il nous invite à laisser mourir en nous ce qui s’oppose à la communion. Toutes ces crispations, ces replis, amertumes et autres empêchements à l’Amour. Il nous donne en quelque sorte le mode d’emploi de la conversion.
Alors il n’est bien évidemment pas question de se dénigrer ni de s’empêcher de vivre ici-bas mais Jésus nous prévient. Il nous prévient des bascules et des déplacements intérieurs qu’il faudra sans cesse opérer si on veut le suivre… lui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. Grand programme !
Dépasser cette tentative de repli et d’isolement demande des efforts quotidiens. Comme en témoigne la lente entreprise de rapprochement entre les églises chrétiennes.
En 2018, François a parlé de l’œcuménisme ainsi : « une grande entreprise en pure perte évangélique, selon la voie tracée par Jésus. » Eh bien je n’avais rarement entendu parler de la vie chrétienne d’une manière aussi lumineuse. Voilà bien un sujet, l’unité des chrétiens dont on peut être certains qu’il est la volonté du Père. Et pourtant, persiste encore tant de divisions entre frères et sœurs chrétiens. Nous devrions pourtant avoir des tas de points communs : Nous avons le même Dieu et sommes d’accord sur le fait d’aimer notre prochain selon l’enseignement de Jésus. Cela devrait suffire à nous entendre, non ? Malheureusement non. Tant de murs nous séparent, tant de crispations et de certitudes nous éloignent encore. Tant de reflexes de défense nous opposent. Quiconque expérimente le chemin de l’œcuménisme, sait bien que l’expérience oblige à revenir à l’essentiel de la foi. Ce décentrage si fécond ne s’opère pourtant pas sans douleurs. Catholique et épouse d’un protestant évangélique, c’est un sujet qui m’est très familier! Le dialogue œcuménique ne consiste pas à savoir qui sait mieux que l’autre qui est Jésus. Qui le connait mieux. Mais c’est un bien beau chemin révélateur de nos manières réciproques d’emprisonner Dieu dans nos schémas de pensée. Cette croyance au sujet de telle ou telle liturgie, ou de tel ou tel état de vie… d’où me vient-elle? Il faut parfois beaucoup de courage et de confiance en Dieu pour oser douter de ses certitudes et de ses représentations qui nous ont parfois tenu et fais grandir dans la foi. Cela peut être périlleux voire vertigineux. Périlleux mais nécessaire pour prendre part à la moisson. Jésus lui-même ne se cache pas dans cet évangile pour partager son trouble. J’ai pour habitude de dire que lorsqu’on est certain de connaitre Dieu, il s’empresse de nous révéler bien vite qu’il est bien plus large que nos imaginaires étriqués.
En ces temps de crise sanitaire, nos sociétés se polarisent. Nous le voyons bien. Chacune de nos opinions brandies comme des étendards sont tant d’occasion de division. Mais sommes-nous si libres dans nos prises de position? Notre besoin d’appartenance entrave-t-il notre recherche de Vérité? N’ayons pas peur de laisser mourir certaines de nos certitudes. Gardons-nous d’avoir un avis sur tout et tout le temps. Osons le doute. Cela ne peut pas nous perdre. Gardons en tête, humblement, que notre intelligence est limitée au regard du plan de Dieu. C’est à cette force et ce courage que Dieu nous exhorte. Se permettre de douter de nos opinions tranchées c’est abattre la colère à la racine et faire place à cette semence de paix dans nos vies. N’ayons pas peur de faire taire nos replis identitaires à la manière de l’Evangile. Car il faut du temps et de l’humilité pour faire germer la Vérité dans nos vies à l’épreuve des rencontres. Quel que soit notre mission, elle ne peut nous définir. Quel que soit notre combat, juste ou non, il ne peut se substituer à notre identité d’enfant de Dieu.
Alors profitons de ce temps de carême pour nous laisser mener au désert par Dieu.
Laissons-le nous montrer en nos cœurs ces forteresses que nous construisons et mettent en péril notre liberté de cheminer avec lui.
Ne nous y trompons pas, se dépouiller de nos fausses querelles, c’est l’assurance de laisser le ciel descendre en nos vies.
Puissions-nous relâcher nos petits poings serrés volontaires et lui tendre une main ouverte. Une main ouverte à son projet pour nous et l’Humanité.
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Je ne sais pas vous, mais moi, je suis comme ces grecs qui montent à Jérusalem. J’aimerai bien voir Jésus ! Combien de fois aurais-je voulu m’assoir sur un banc avec lui et me laisser enseigner de vive voix. Quelle chance ont-ils de s’approcher de lui ! Oui parce qu’il y a une question qui m’habite depuis des années… depuis ma conversion. Qu’est-ce qui m’assure que je suis bien disciple? Suis-je bien la disciple de mon bien-aimé? Chaque jour je me la pose cette question. Et ce passage de l’Evangile je l’aime tout particulièrement. Parce qu’il est pour moi un phare dans la nuit. Une parole du Christ qui me ramène sans cesse à mon baptême et m’invite sans relâche à la conversion intérieure.
Jésus nous dit « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle ». Mais quelle parole! Il n’y va pas avec le dos de la cuillère Jésus. Ce n’est pas très enthousiasmant. Pas très attrayant. Quel pied de nez à la doxa du développement personnel. Voilà bien un drôle de coach! Je ne suis pas sure qu’aujourd’hui Jésus aurait beaucoup de followers avec de pareils discours. Mais Jésus nous dit bien juste avant : »si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Jésus nous rappelle combien le repli sur soi nous emmure et nous isole. Et cela change tout! Jésus ne nous invite pas à haire notre propre vie. Il nous invite à laisser mourir en nous ce qui s’oppose à la communion. Toutes ces crispations, ces replis, amertumes et autres empêchements à l’Amour. Il nous donne en quelque sorte le mode d’emploi de la conversion.
Alors il n’est bien évidemment pas question de se dénigrer ni de s’empêcher de vivre ici-bas mais Jésus nous prévient. Il nous prévient des bascules et des déplacements intérieurs qu’il faudra sans cesse opérer si on veut le suivre… lui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. Grand programme !
Dépasser cette tentative de repli et d’isolement demande des efforts quotidiens. Comme en témoigne la lente entreprise de rapprochement entre les églises chrétiennes.
En 2018, François a parlé de l’œcuménisme ainsi : « une grande entreprise en pure perte évangélique, selon la voie tracée par Jésus. » Eh bien je n’avais rarement entendu parler de la vie chrétienne d’une manière aussi lumineuse. Voilà bien un sujet, l’unité des chrétiens dont on peut être certains qu’il est la volonté du Père. Et pourtant, persiste encore tant de divisions entre frères et sœurs chrétiens. Nous devrions pourtant avoir des tas de points communs : Nous avons le même Dieu et sommes d’accord sur le fait d’aimer notre prochain selon l’enseignement de Jésus. Cela devrait suffire à nous entendre, non ? Malheureusement non. Tant de murs nous séparent, tant de crispations et de certitudes nous éloignent encore. Tant de reflexes de défense nous opposent. Quiconque expérimente le chemin de l’œcuménisme, sait bien que l’expérience oblige à revenir à l’essentiel de la foi. Ce décentrage si fécond ne s’opère pourtant pas sans douleurs. Catholique et épouse d’un protestant évangélique, c’est un sujet qui m’est très familier! Le dialogue œcuménique ne consiste pas à savoir qui sait mieux que l’autre qui est Jésus. Qui le connait mieux. Mais c’est un bien beau chemin révélateur de nos manières réciproques d’emprisonner Dieu dans nos schémas de pensée. Cette croyance au sujet de telle ou telle liturgie, ou de tel ou tel état de vie… d’où me vient-elle? Il faut parfois beaucoup de courage et de confiance en Dieu pour oser douter de ses certitudes et de ses représentations qui nous ont parfois tenu et fais grandir dans la foi. Cela peut être périlleux voire vertigineux. Périlleux mais nécessaire pour prendre part à la moisson. Jésus lui-même ne se cache pas dans cet évangile pour partager son trouble. J’ai pour habitude de dire que lorsqu’on est certain de connaitre Dieu, il s’empresse de nous révéler bien vite qu’il est bien plus large que nos imaginaires étriqués.
En ces temps de crise sanitaire, nos sociétés se polarisent. Nous le voyons bien. Chacune de nos opinions brandies comme des étendards sont tant d’occasion de division. Mais sommes-nous si libres dans nos prises de position? Notre besoin d’appartenance entrave-t-il notre recherche de Vérité? N’ayons pas peur de laisser mourir certaines de nos certitudes. Gardons-nous d’avoir un avis sur tout et tout le temps. Osons le doute. Cela ne peut pas nous perdre. Gardons en tête, humblement, que notre intelligence est limitée au regard du plan de Dieu. C’est à cette force et ce courage que Dieu nous exhorte. Se permettre de douter de nos opinions tranchées c’est abattre la colère à la racine et faire place à cette semence de paix dans nos vies. N’ayons pas peur de faire taire nos replis identitaires à la manière de l’Evangile. Car il faut du temps et de l’humilité pour faire germer la Vérité dans nos vies à l’épreuve des rencontres. Quel que soit notre mission, elle ne peut nous définir. Quel que soit notre combat, juste ou non, il ne peut se substituer à notre identité d’enfant de Dieu.
Alors profitons de ce temps de carême pour nous laisser mener au désert par Dieu.
Laissons-le nous montrer en nos cœurs ces forteresses que nous construisons et mettent en péril notre liberté de cheminer avec lui.
Ne nous y trompons pas, se dépouiller de nos fausses querelles, c’est l’assurance de laisser le ciel descendre en nos vies.
Puissions-nous relâcher nos petits poings serrés volontaires et lui tendre une main ouverte. Une main ouverte à son projet pour nous et l’Humanité.
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Ariane Hautdidier

Ariane Hautdidier est ostéopathe de formation, mais le fil du doute et de la vie l’a entraînée vers d’autres chemins. Demander le baptême en 2009 a bouleversé sa vie, qui se déroule actuellement dans le pays de Gex, où elle chante et travaille dans le domaine de la santé publique.