#
Bonne
Nouv.elle
!
— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.
S2 Episode 13
14/02/21
6e dimanche du temps ordinaire
Lecture de l’évangile : Claire
Textes du jour
Le texte de l’homélie
Ah ce Jésus, quel être surprenant ! Cet étonnement premier m’a invitée à rentrer un peu plus dans ce récit. J’y ai alors entendu une invitation de Jésus à être et à nous maintenir dans le mouvement.
Tout d’abord par sa manière d’être au monde : Jésus est celui qui marche à la rencontre des hommes et des femmes de son temps. Il est nomade et n’a pas où reposer la tête, comme il le dit lui-même. Et sur sa route, il se laisse déplacer, interpeller, par la diversité des réalités, par celles et ceux qui sont sur le bord, en périphérie, où qui s’approchent de lui d’une manière particulière. (Je pense notamment à la femme qui souffre d’hémorragie, à celle qui lui parfume les pieds, l’aveugle qui jette son manteau et court vers lui, ou bien la femme courbée dans le fond de la synagogue). Ce n’est donc pas un mouvement pressé, tendu vers un but précis ; mais plutôt une mise en mouvement, qui est ouverture, disponibilité et écoute.
Aujourd’hui, c’est par un lépreux que Jésus se laisse interpeller. Alors que Jésus prêche et guérit, « un lépreux vint à lui ». On peut souligner ici le courage et l’audace de ce lépreux marginalisé, exclu, dont la vue suscite dégoût et mépris, et qui ose s’avancer. On peut l’imaginer au milieu d’une foule de gens. Je vois là un double déplacement : celui du lépreux qui sort de sa place habituelle d’invisible pour se rendre visible et celui de Jésus qui se laisse saisir par la venue de cet homme auprès de lui avec sa demande : s’il te plaît, guéris-moi. Guéris-moi de cette maladie qui me rend si indigne aux yeux des autres. Et là déjà, dans le mouvement de cet homme, une guérison je vois une guérison qui s’opère : la guérison de la maladie de la honte. La personne de Jésus invite le lépreux à oser se dévoiler tel qu’il est devant les autres. Et Jésus, pour finir d’accomplir cette guérison, le touche. Il pose sa main sur son corps lésé.
Et c’est sur cette rencontre charnelle, ce geste du corps, que j’aimerais vous proposer de nous arrêter. Dans la traduction liturgique de la Bible il est écrit : « Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha ». Dans d’autres traductions, on peut aussi lire que Jésus est bouleversé, pris de pitié, ou ému. En tout cas il y a cette idée d’un saisissement intérieur et d’un mouvement de son corps.
Oui, Jésus le touche. Le toucher est partout dans l’Évangile. Jésus touche les personnes. Et il se laisse aussi toucher. Dans cet épisode, Jésus pose sa main sur une personne atteinte de lèpre, maladie de la peau très contagieuse. En le touchant donc, Jésus prend un gros risque : celui d’être lui-même atteint de cette maladie.
Dans ces temps bien particuliers où nos rencontres, si elles ne sont pas virtuelles, prennent place sous le signe de la distanciation et des gestes barrières, je suis interpellée de voir Jésus qui enfreint les règles sociales à l’encontre de ces hommes et ces femmes atteintes de lèpre. Je me demande : qu’est-ce-que cela peut nous dire aujourd’hui ? J’entends d’abord le geste de Jésus comme une invitation à oser prendre le risque d’investir nos corps dans la relation. D’oser faire de nos corps un langage d’amour et de tendresse, d’oser faire de nos corps un langage de libération et de guérison.
Catherine Dolto explique que quand une main se pose sur notre épaule, une activité intellectuelle intense se met en place avec de nombreuses questions, notamment celle-ci : est-ce-que cette main se pose dans la tendresse ou dans la domination ? Il y a en effet des manières de toucher qui peuvent exprimer la domination, la prise de pouvoir sur l’autre, voire sa négation. Et là, Jésus au contraire est l’exemple de celui qui touche la singularité de l’autre, qui touche pour rendre libre et vivant. Derrière sa main, il y a tout son être, toute sa présence aimante qui vient rencontrer non pas seulement la blessure ou la lésion de l’autre, mais, à travers elle, toute la personne. Et c’est comme si dans cette rencontre tactile il lui disait « tu as du prix à mes yeux, tu es quelqu’un et pour ce que tu es je t’aime et je t’appelle à goûter la vie ».
A partir de là, dans notre contexte où les rencontres de corps à corps se font rares, je perçois cette invitation à soigner d’autant plus la qualité de ma présence et de mon toucher, et à me demander qu’est-ce-que je mets comme intention, dans ce geste que je pose sur l’autre ?
Enfin, c’est avec ce texte que nous nous mettons subtilement en route vers le carême, qui commence mercredi. En recevant la cendre sur le front, nous recevrons aussi cette parole qui nous invite à un retournement, un changement, une renaissance. Je nous souhaite donc de poursuivre notre route dans cette transformation de notre regard, de notre écoute, de notre manière d’habiter le monde, pour que nous puissions nous laisser saisir et poser des paroles et des gestes qui soient habités de la présence de Celle, de Celui qui donne la vie.↓
Tout d’abord par sa manière d’être au monde : Jésus est celui qui marche à la rencontre des hommes et des femmes de son temps. Il est nomade et n’a pas où reposer la tête, comme il le dit lui-même. Et sur sa route, il se laisse déplacer, interpeller, par la diversité des réalités, par celles et ceux qui sont sur le bord, en périphérie, où qui s’approchent de lui d’une manière particulière. (Je pense notamment à la femme qui souffre d’hémorragie, à celle qui lui parfume les pieds, l’aveugle qui jette son manteau et court vers lui, ou bien la femme courbée dans le fond de la synagogue). Ce n’est donc pas un mouvement pressé, tendu vers un but précis ; mais plutôt une mise en mouvement, qui est ouverture, disponibilité et écoute.
Aujourd’hui, c’est par un lépreux que Jésus se laisse interpeller. Alors que Jésus prêche et guérit, « un lépreux vint à lui ». On peut souligner ici le courage et l’audace de ce lépreux marginalisé, exclu, dont la vue suscite dégoût et mépris, et qui ose s’avancer. On peut l’imaginer au milieu d’une foule de gens. Je vois là un double déplacement : celui du lépreux qui sort de sa place habituelle d’invisible pour se rendre visible et celui de Jésus qui se laisse saisir par la venue de cet homme auprès de lui avec sa demande : s’il te plaît, guéris-moi. Guéris-moi de cette maladie qui me rend si indigne aux yeux des autres. Et là déjà, dans le mouvement de cet homme, une guérison je vois une guérison qui s’opère : la guérison de la maladie de la honte. La personne de Jésus invite le lépreux à oser se dévoiler tel qu’il est devant les autres. Et Jésus, pour finir d’accomplir cette guérison, le touche. Il pose sa main sur son corps lésé.
Et c’est sur cette rencontre charnelle, ce geste du corps, que j’aimerais vous proposer de nous arrêter. Dans la traduction liturgique de la Bible il est écrit : « Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha ». Dans d’autres traductions, on peut aussi lire que Jésus est bouleversé, pris de pitié, ou ému. En tout cas il y a cette idée d’un saisissement intérieur et d’un mouvement de son corps.
Oui, Jésus le touche. Le toucher est partout dans l’Évangile. Jésus touche les personnes. Et il se laisse aussi toucher. Dans cet épisode, Jésus pose sa main sur une personne atteinte de lèpre, maladie de la peau très contagieuse. En le touchant donc, Jésus prend un gros risque : celui d’être lui-même atteint de cette maladie.
Dans ces temps bien particuliers où nos rencontres, si elles ne sont pas virtuelles, prennent place sous le signe de la distanciation et des gestes barrières, je suis interpellée de voir Jésus qui enfreint les règles sociales à l’encontre de ces hommes et ces femmes atteintes de lèpre. Je me demande : qu’est-ce-que cela peut nous dire aujourd’hui ? J’entends d’abord le geste de Jésus comme une invitation à oser prendre le risque d’investir nos corps dans la relation. D’oser faire de nos corps un langage d’amour et de tendresse, d’oser faire de nos corps un langage de libération et de guérison.
Catherine Dolto explique que quand une main se pose sur notre épaule, une activité intellectuelle intense se met en place avec de nombreuses questions, notamment celle-ci : est-ce-que cette main se pose dans la tendresse ou dans la domination ? Il y a en effet des manières de toucher qui peuvent exprimer la domination, la prise de pouvoir sur l’autre, voire sa négation. Et là, Jésus au contraire est l’exemple de celui qui touche la singularité de l’autre, qui touche pour rendre libre et vivant. Derrière sa main, il y a tout son être, toute sa présence aimante qui vient rencontrer non pas seulement la blessure ou la lésion de l’autre, mais, à travers elle, toute la personne. Et c’est comme si dans cette rencontre tactile il lui disait « tu as du prix à mes yeux, tu es quelqu’un et pour ce que tu es je t’aime et je t’appelle à goûter la vie ».
A partir de là, dans notre contexte où les rencontres de corps à corps se font rares, je perçois cette invitation à soigner d’autant plus la qualité de ma présence et de mon toucher, et à me demander qu’est-ce-que je mets comme intention, dans ce geste que je pose sur l’autre ?
Enfin, c’est avec ce texte que nous nous mettons subtilement en route vers le carême, qui commence mercredi. En recevant la cendre sur le front, nous recevrons aussi cette parole qui nous invite à un retournement, un changement, une renaissance. Je nous souhaite donc de poursuivre notre route dans cette transformation de notre regard, de notre écoute, de notre manière d’habiter le monde, pour que nous puissions nous laisser saisir et poser des paroles et des gestes qui soient habités de la présence de Celle, de Celui qui donne la vie.↓
Clotilde

Clotilde a grandi proche de la côte Atlantique, ce qui lui donne une affinité particulière pour les grands espaces et une fascination amoureuse de l’océan. Elle aime les rencontres inattendues et découvrir des réalités complètement différentes de la sienne. Parfois, elle parle aux animaux ou à la lune. Elle se demande souvent quel est le sens de notre existence sur cette terre et a bien d’autres questions avec lesquelles elle chemine.