#

Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

S2 Episode 12

07/02/21
5e dimanche du temps ordinaire

Lecture de l’évangile : Leonor

Homélie : Marie-Catherine

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Jb 7, 1-7
Ps 146, 1-7
1 Co 9, 16-23
Mc 1, 29-39
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

Il y a un peu plus d’un an, je suis tombée enceinte. C’était un réel désir de couple. Ayant la sclérose en plaques, j’avais arrêté mon traitement quelques mois avant d’essayer de concevoir. La grossesse a commencé au court d’une période très chargée : j’avais des déplacements prévus en France pour le travail, et des amis ou de la famille qui venait dormir presque tous les weekends à l’appart’. Au bout de 2 mois et demi de grossesse, j’ai fait une fausse-couche… Je ne savais pas que c’était courant, je ne m’y attendais pas du tout. Entre la fatigue et le stress physique intense que ça a provoqué, j’ai enchaîné sur une poussée de sclérose qui a duré près de 3 mois. Les paroles de Job traduisent parfaitement ce que j’ai pu ressentir durant cette période : « La vie de l’homme sur la terre est une corvée »… « Je ne compte que des nuits de souffrance »…
Et pourtant… S’il y a une chose dont je peux témoigner, c’est que Dieu est là dans la désespérance, au cœur des peurs et des blessures. Ce que j’ai découvert à travers cette épreuve est plus fort que la mort ou que la maladie. Je n’avais plus d’énergie et la poussée de sclérose me donnait des vertiges ; donc j’avais des difficultés à marcher ou à me lever, tout simplement. En gros, je ne servais à rien… Et pourtant, j’ai découvert le soutien de mon compagnon, son immense douceur à mon égard et sa patience sans failles. Exténuée et incapable de me lever, j’ai ressenti pour la première fois – et je dois l’admettre, avec résignation car je n’avais pas d’autres choix -, que je n’avais pas besoin de « faire » pour être aimée, mais seulement d’« être ». Bien que mon compagnon ne soit pas chrétien, il m’a permis de mieux comprendre ce que signifie que d’être aimée : il m’a permis de me rapprocher du Christ.
L’Amour du Christ ne se mérite pas, il est donné d’avance ! En l’occurrence, je dois me battre depuis toujours contre le sentiment de n’être pas légitime, de devoir faire les choses parfaitement pour mériter l’Amour. Mais la perfection n’existe pas, en tout cas pas chez l’être humain, c’est un combat sans fin… Au contraire, lors de cette période de grande faiblesse physique, je n’avais pas d’autres choix que de me laisser aimer en silence. Je ne peux pas dire que je ne cherche plus à « faire » pour être aimée. Mais j’ai désormais compris que Dieu nous a créé·e·s et qu’Il nous aime juste pour cela, sans avoir besoin d’être parfaite, sans avoir besoin de me justifier par mes actions.
Et pourtant, des actions, il y a en a tellement à faire…
A peine guérie, la belle-mère de Simon se met au service ! Quant à Jésus, on lui amène des malades jusque tard dans la nuit et la ville entière se presse à la porte… De même, aujourd’hui, la tâche est immense. A cause du Covid, beaucoup de personnes ont été clouées au lit avec de la fièvre et certaines ne s’en sont pas relevées… D’autres ont perdu leur emploi, d’autres sont tombées dans la précarité. Un grand nombre de personnes doivent désormais considérer que depuis des mois, elles n’ont en partage que le néant.
La tâche est grande, les besoins sont nombreux… Mais nous ne devons pas nous mettre en action pour être plus aimé·e·s ou pour mériter le Ciel, mais plutôt parce que nous nous savons aimé·e·s du Christ, ce qui nous rend riches et reconnaissant·e·s. Je nous souhaite de reconnaître dans nos parcours de vie ces moments où quelqu’un s’est approché et a saisi notre main avec douceur, sans rien demander en retour, pour remplir notre réservoir d’amour… Pour moi, c’est alors le Christ qui est là…
Ce n’est pas parce que la belle-mère de Simon était au service que Jésus l’a guérie, c’est parce que Jésus l’a guérie qu’elle a pu se mettre au service. C’est cet Amour qui précède notre action et qui provoque cette nécessité d’annoncer l’Evangile qui s’impose à St Paul. Être faible avec les faibles, parce que nous avons pu goûter à la force que donne le sentiment d’être aimé·e, sans que nous n’ayons rien fait pour le mériter. Saint Paul est bien placé pour le savoir… Et lorsque Jésus part dans d’autres villages annoncer l’Evangile, il revient aux personnes guéries la veille de rester, de prendre le relais auprès de toutes celles et ceux qui le cherchent encore, en aimant aussi de façon gratuite et inconditionnelle, en tendant la main à des personnes qui ne l’ont pas forcément mérité mais avec l’assurance que cette main tendue les rendra plus fortes.
Et régulièrement, pour se rappeler que c’est toujours l’Amour de Dieu qui nous précède, pour apprendre à aimer gratuitement, pour durer dans l’action sans s’épuiser, il est bon, comme Jésus, de se lever à l’aube, de se rendre dans un endroit désert et de prier pour rendre grâce.
Marie-Catherine
Avec un parcours qui s’est dessiné au gré du vent et des passerelles possibles (1ère année de droit, puis études de science politique, pour finir sur un master d’économie sociale et solidaire), Marie-Catherine travaille aujourd’hui à JRS France (Jesuit Refugee Service). Elle puise sa force dans son entourage : la famille, les amis et son compagnon… Toutes et tous sont des cadeaux du ciel sur sa route !