#
Bonne
Nouv.elle
!
— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.
S2 Episode 5
25/12/20
Noël
Lecture de l’évangile : Claire
Textes de la nuit de Noël
Is 9, 1-6
Ps 895 (96)
Tt 2, 11-14
Lc 2, 1-14
(Lire les textes sur aelf.org)
Le texte de l’homélie
Ce soir nous célébrerons Noël. La fête préférée de l’enfant que j’ai été. La femme que je suis devenue s’en réjouit elle aussi, mais elle se pose un peu plus de questions.
Depuis quelque temps quand j’ai des choix à faire ou que je considère certains éléments de ma vie, je me demande : est-ce que c’est facile ? Est-ce que c’est intéressant ? Et même : est-ce que c’est facile OU est-ce que c’est intéressant ?
Car en ce qui me concerne, sans être manichéenne et sans vouloir chercher la difficulté à tout prix, je constate que les deux progressent rarement de concert.
Comprenez-moi quand je dis intéressant : je ne parle pas d’intérêt intellectuel ou matériel, je veux dire : est-ce que ça m’emmène plus loin ? Est-ce que ça me fait voir plus grand ? Qu’est-ce que ça m’apprend ? Qu’est-ce que ça engage de mon humanité ? Et donc d’une certaine manière, est-ce que ça me rapproche de Dieu ?
Jusqu’à assez récemment, Noël pour moi c’était une joie « facile ». Une joie totale, un peu aveugle, gentiment superficielle… Disons alors, plutôt qu’une vraie joie, un immense plaisir. J’ai toujours adoré Noël. Il y a des paillettes partout, le sapin est magnifique, tout le monde est content et en plus Jésus vient!
Et puis, il y a deux ans, le lendemain de Noël, alors que j’étais enceinte et très heureuse de l’être, j’ai fait une fausse couche. Un événement certes banal, mais que j’ai vécu avec beaucoup de tristesse et un peu de révolte.
Bon sang c’est Noël ! Alors quoi, cette vie qui nous est promise nous est-elle donnée oui ou non ?
J’ai attendu, j’ai fait un pas de côté, j’ai regardé la crèche sous le sapin. Il n’y avait pas de bébé dans mes bras mais il y en avait bel et bien un, là, dans sa petite mangeoire. Et ce bébé semblait me dire : Et moi alors? Tu vas me laisser là ? Tu veux la vie, mais es-tu prête à en assumer toutes les conséquences, comme moi ? Avec moi ?
Mystérieuses questions. J’ai commencé à réaliser que peut-être, ce beau cadeau qu’est Noël était un cadeau moins « facile » que je ne le pensais.
Pas un de ces jouets électroniques où il suffit d’appuyer sur un bouton pour avoir du son et de la lumière. Noël, le petit Jésus dans sa mangeoire, c’est un immense cadeau, mais un cadeau qui nous engage et nous questionne : choisissons-nous vraiment la vie ? Avec tout ce qu’elle implique ?
Un an plus tard, j’ai eu un bébé. Pas facile mais ô combien intéressant! Je marchais dans la rue avec ce bébé qui venait de naître et j’ai croisé un homme. Un pauvre homme, sale, hagard, qui avançait accroché à ses paquets. Nos regards se sont croisés. Il a eu l’air honteux, apeuré que je le regarde. Et soudain dans ce regard perdu, j’ai vu un regard d’enfant. En fait, le regard de MON enfant. Cela peut paraître idiot mais j’ai réalisé d’un seul coup que cet homme avait été un enfant, un bébé fragile, vulnérable, plein de vie, et que cet homme comme tous les humains avait encore en lui cette fragilité et cette vie si précieuse. Cela m’a bouleversée. Cet enfant dans cet homme, c’était le mien, c’était tous les autres, et c’était le petit bébé Jésus aussi. Me fallait-il être mère et me rappeler que chaque femme et chaque homme a été un tout petit enfant pour être réellement touchée par leur destin et leur détresse ? Pour que je comprenne un peu mieux ce que nous demande Jésus quand il nous implore de le voir Lui quand nous nous regardons les uns les autres ?
Et si nous essayions de nous regarder comme de petits enfants? En cherchant l’enfant dans le regard de l’autre ? Peut-être serions-nous un peu plus doux.
Et peut-être verrions-nous un petit bébé tout nu et tout fragile, qui nous regarde et qui nous demande, avec la simplicité déroutante des enfants : est-ce que tu viens? Est-ce que tu m’aimes ?
Sommes-nous disposé.e.s à vivre et à aimer?
Pas facile…
…mais…intéressant!
Joyeux Noël !↓
Depuis quelque temps quand j’ai des choix à faire ou que je considère certains éléments de ma vie, je me demande : est-ce que c’est facile ? Est-ce que c’est intéressant ? Et même : est-ce que c’est facile OU est-ce que c’est intéressant ?
Car en ce qui me concerne, sans être manichéenne et sans vouloir chercher la difficulté à tout prix, je constate que les deux progressent rarement de concert.
Comprenez-moi quand je dis intéressant : je ne parle pas d’intérêt intellectuel ou matériel, je veux dire : est-ce que ça m’emmène plus loin ? Est-ce que ça me fait voir plus grand ? Qu’est-ce que ça m’apprend ? Qu’est-ce que ça engage de mon humanité ? Et donc d’une certaine manière, est-ce que ça me rapproche de Dieu ?
Jusqu’à assez récemment, Noël pour moi c’était une joie « facile ». Une joie totale, un peu aveugle, gentiment superficielle… Disons alors, plutôt qu’une vraie joie, un immense plaisir. J’ai toujours adoré Noël. Il y a des paillettes partout, le sapin est magnifique, tout le monde est content et en plus Jésus vient!
Et puis, il y a deux ans, le lendemain de Noël, alors que j’étais enceinte et très heureuse de l’être, j’ai fait une fausse couche. Un événement certes banal, mais que j’ai vécu avec beaucoup de tristesse et un peu de révolte.
Bon sang c’est Noël ! Alors quoi, cette vie qui nous est promise nous est-elle donnée oui ou non ?
J’ai attendu, j’ai fait un pas de côté, j’ai regardé la crèche sous le sapin. Il n’y avait pas de bébé dans mes bras mais il y en avait bel et bien un, là, dans sa petite mangeoire. Et ce bébé semblait me dire : Et moi alors? Tu vas me laisser là ? Tu veux la vie, mais es-tu prête à en assumer toutes les conséquences, comme moi ? Avec moi ?
Mystérieuses questions. J’ai commencé à réaliser que peut-être, ce beau cadeau qu’est Noël était un cadeau moins « facile » que je ne le pensais.
Pas un de ces jouets électroniques où il suffit d’appuyer sur un bouton pour avoir du son et de la lumière. Noël, le petit Jésus dans sa mangeoire, c’est un immense cadeau, mais un cadeau qui nous engage et nous questionne : choisissons-nous vraiment la vie ? Avec tout ce qu’elle implique ?
Un an plus tard, j’ai eu un bébé. Pas facile mais ô combien intéressant! Je marchais dans la rue avec ce bébé qui venait de naître et j’ai croisé un homme. Un pauvre homme, sale, hagard, qui avançait accroché à ses paquets. Nos regards se sont croisés. Il a eu l’air honteux, apeuré que je le regarde. Et soudain dans ce regard perdu, j’ai vu un regard d’enfant. En fait, le regard de MON enfant. Cela peut paraître idiot mais j’ai réalisé d’un seul coup que cet homme avait été un enfant, un bébé fragile, vulnérable, plein de vie, et que cet homme comme tous les humains avait encore en lui cette fragilité et cette vie si précieuse. Cela m’a bouleversée. Cet enfant dans cet homme, c’était le mien, c’était tous les autres, et c’était le petit bébé Jésus aussi. Me fallait-il être mère et me rappeler que chaque femme et chaque homme a été un tout petit enfant pour être réellement touchée par leur destin et leur détresse ? Pour que je comprenne un peu mieux ce que nous demande Jésus quand il nous implore de le voir Lui quand nous nous regardons les uns les autres ?
Et si nous essayions de nous regarder comme de petits enfants? En cherchant l’enfant dans le regard de l’autre ? Peut-être serions-nous un peu plus doux.
Et peut-être verrions-nous un petit bébé tout nu et tout fragile, qui nous regarde et qui nous demande, avec la simplicité déroutante des enfants : est-ce que tu viens? Est-ce que tu m’aimes ?
Sommes-nous disposé.e.s à vivre et à aimer?
Pas facile…
…mais…intéressant!
Joyeux Noël !↓
Leonor

Leonor est musicienne, de moins en moins comédienne, de plus en plus autrice. Elle est presque juive. Elle a récemment re-revu l’intégrale de Buffy contre les vampires.