#
Bonne
Nouv.elle
!
— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.
S2 Episode 1
29/11/20
1er dimanche de l’Avent
Lecture de l’évangile : Claire
Textes du jour
Le texte de l’homélie
Veillez, nous dit Jésus.
Et déjà je suis fatiguée. Ce premier jour de l’Avent, quatrième dimanche d’un confinement en France, dixième mois de pandémie, deux mois avant que Trump quitte la Maison Blanche, semaine de la 121e grève scolaire pour le climat de Greta Thunberg, vingt-huit semaines depuis la mort de George Floyd, un mois depuis les violences à Nice, plus de sept ans depuis que le Pape affirme que l’église n’a pas à juger une personne selon son orientation sexuelle… Ma tête tourne de soucis et de frustrations.
Veillez. Faut-il encore ?
Le texte d’Isaïe resonne en mon cœur : Pourquoi Seigneur tu nous laisses errer hors de tes chemins ? Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ? Reviens… !
Le psaume fait écho : Réveille ta vaillance et viens nous sauver !
Comment est-il possible que nous soyons toujours masqué·es, malades, que nos ainé·es souffrent d’une grande isolation, et nos travailleurs de santé se trouvent encore sous une pression immense ?
Comment a-t-il pu avoir quatre années de discours sexiste, raciste, et violent de la tête d’une des pays le plus puissants du monde?
Ignorons-nous toujours les voix des prochaines générations qui nous implorent de ne pas les livrer à un avenir de chaos climatique ?
Combien devrons encore mourir avant que nous reconnaissions le racisme et l’oppression que nos institutions propagent ?
Comment est-ce que notre société arrive encore à laisser germer de la haine au point qu’une personne est capable d’agir avec une telle violence ?
Comment peut-il exister encore une attitude d’exclusion, de mépris, et de méfiance au cœur même de l’église ?
Seigneur, reviens !
Ce n’est pas facile de veiller. Je pense aux disciples dans le jardin de Gethsémani qui n’arrivent pas à veiller avec Jésus, leurs ventres remplis, ignorant des événements qui les attendent le lendemain. Je pense également à l’adoration que j’ai vécue dimanche dernier, gênée quand je me suis réveillée que quelqu’un aurait pu remarquer mon sommeil. Jésus le dit, « Il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormit. Ce que je vous dis là, je dis à tous : Veillez ! »
Mais mettons de côté notre fatigue, notre résistance à l’exigence que nous percevons dans cette parabole. Ecoutons plus profondément l’invitation qui nous est faite aujourd’hui pour ce temps de l’Avent.
Trois choses.
Le temps de Dieu·e n’est pas le notre. Une temporalité linéaire comme semble décrire Jésus dans sa parabole est une notion humaine. Isaïe nous rappelle cela quand il écrit : Mais maintenant, Seigneur, c’est toi notre père. Ce n’est pas, tu seras notre Père quand tu viens nous sauver. Non, c’est maintenant. Même dans ce moment de veille, « c’est toi qui nous façonne : nous sommes tous l’ouvrage de ta main ». De veiller implique de vivre le moment présent dans la certitude que Dieu·e nous aime et qu’elle nous façonne dès aujourd’hui. « Nous sommes tous l’ouvrage de ta main ».
De cette idée suit une deuxième. Puisqu’il n’y a pas d’heure, veiller est un moment de grâce et de communion en soi. Saint Paul se réjouit avec ses frères et sœurs de l’église de Corinthe, « aucun don de grâce ne vous manque… Dieu·e est fidèle, lui qui vous a appelé·es à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur ». Veiller : ce n’est pas une question d’attendre qu’un moment de grâce arrive, d’attendre à vivre en communion avec Jésus. « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14 : 1-2). Veiller implique de vivre, aujourd’hui, en accueillant les grâces que Dieu·e nous donnes et en communion avec Jésus.
En finalement, la parabole nous raconte que le maître « a donné tout le pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller ». Dieu·e vient sans pouvoir. Il vient, humble, frapper à sa propre porte. « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. » Il vient comme un chant d’espérance, pouvons-nous l’entendre ? Pouvons-nous le reconnaître ? L’accueillir ? Celui que nous veillons ne fera pas partir la pandémie. Il ne réparera pas notre planète. Elle ne fera pas disparaître la haine et la division, l’oppression, l’égoïsme et la violence qui sont intégrées dans le tissu de nos sociétés. Il ne changera même pas la structure de sa propre Eglise. Non, il nous a donné le pouvoir… à nous de faire, d’agir, de travailler ensemble, chacun·e selon ses compétences, selon sa capacité.
Veillons par ce qu’il arrive. Il arrive dans la nuit. Il arrive dans une étable, caché du monde, rejetés par tous, reconnu que par les étrangers et les pauvres. Petit enfant, nouveau-né. Il réveille en nous un amour incompréhensible, un amour pour un Dieu·e qui se livre, vulnérable, entre nos mains.
Veillons. Nous sommes invité·es, dès aujourd’hui, à se laisser façonner, à vivre en communion avec Lui·Elle, l’un avec l’autre, à laisser croitre en nous cet amour, comme l’amour d’une mère pour l’enfant déjà vivante dans son sein. Et dès aujourd’hui, laissons répandre autour de nous cet amour dont le monde a tellement besoin. Veillons ensemble. ↓
Et déjà je suis fatiguée. Ce premier jour de l’Avent, quatrième dimanche d’un confinement en France, dixième mois de pandémie, deux mois avant que Trump quitte la Maison Blanche, semaine de la 121e grève scolaire pour le climat de Greta Thunberg, vingt-huit semaines depuis la mort de George Floyd, un mois depuis les violences à Nice, plus de sept ans depuis que le Pape affirme que l’église n’a pas à juger une personne selon son orientation sexuelle… Ma tête tourne de soucis et de frustrations.
Veillez. Faut-il encore ?
Le texte d’Isaïe resonne en mon cœur : Pourquoi Seigneur tu nous laisses errer hors de tes chemins ? Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ? Reviens… !
Le psaume fait écho : Réveille ta vaillance et viens nous sauver !
Comment est-il possible que nous soyons toujours masqué·es, malades, que nos ainé·es souffrent d’une grande isolation, et nos travailleurs de santé se trouvent encore sous une pression immense ?
Comment a-t-il pu avoir quatre années de discours sexiste, raciste, et violent de la tête d’une des pays le plus puissants du monde?
Ignorons-nous toujours les voix des prochaines générations qui nous implorent de ne pas les livrer à un avenir de chaos climatique ?
Combien devrons encore mourir avant que nous reconnaissions le racisme et l’oppression que nos institutions propagent ?
Comment est-ce que notre société arrive encore à laisser germer de la haine au point qu’une personne est capable d’agir avec une telle violence ?
Comment peut-il exister encore une attitude d’exclusion, de mépris, et de méfiance au cœur même de l’église ?
Seigneur, reviens !
Ce n’est pas facile de veiller. Je pense aux disciples dans le jardin de Gethsémani qui n’arrivent pas à veiller avec Jésus, leurs ventres remplis, ignorant des événements qui les attendent le lendemain. Je pense également à l’adoration que j’ai vécue dimanche dernier, gênée quand je me suis réveillée que quelqu’un aurait pu remarquer mon sommeil. Jésus le dit, « Il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormit. Ce que je vous dis là, je dis à tous : Veillez ! »
Mais mettons de côté notre fatigue, notre résistance à l’exigence que nous percevons dans cette parabole. Ecoutons plus profondément l’invitation qui nous est faite aujourd’hui pour ce temps de l’Avent.
Trois choses.
Le temps de Dieu·e n’est pas le notre. Une temporalité linéaire comme semble décrire Jésus dans sa parabole est une notion humaine. Isaïe nous rappelle cela quand il écrit : Mais maintenant, Seigneur, c’est toi notre père. Ce n’est pas, tu seras notre Père quand tu viens nous sauver. Non, c’est maintenant. Même dans ce moment de veille, « c’est toi qui nous façonne : nous sommes tous l’ouvrage de ta main ». De veiller implique de vivre le moment présent dans la certitude que Dieu·e nous aime et qu’elle nous façonne dès aujourd’hui. « Nous sommes tous l’ouvrage de ta main ».
De cette idée suit une deuxième. Puisqu’il n’y a pas d’heure, veiller est un moment de grâce et de communion en soi. Saint Paul se réjouit avec ses frères et sœurs de l’église de Corinthe, « aucun don de grâce ne vous manque… Dieu·e est fidèle, lui qui vous a appelé·es à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur ». Veiller : ce n’est pas une question d’attendre qu’un moment de grâce arrive, d’attendre à vivre en communion avec Jésus. « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14 : 1-2). Veiller implique de vivre, aujourd’hui, en accueillant les grâces que Dieu·e nous donnes et en communion avec Jésus.
En finalement, la parabole nous raconte que le maître « a donné tout le pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller ». Dieu·e vient sans pouvoir. Il vient, humble, frapper à sa propre porte. « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. » Il vient comme un chant d’espérance, pouvons-nous l’entendre ? Pouvons-nous le reconnaître ? L’accueillir ? Celui que nous veillons ne fera pas partir la pandémie. Il ne réparera pas notre planète. Elle ne fera pas disparaître la haine et la division, l’oppression, l’égoïsme et la violence qui sont intégrées dans le tissu de nos sociétés. Il ne changera même pas la structure de sa propre Eglise. Non, il nous a donné le pouvoir… à nous de faire, d’agir, de travailler ensemble, chacun·e selon ses compétences, selon sa capacité.
Veillons par ce qu’il arrive. Il arrive dans la nuit. Il arrive dans une étable, caché du monde, rejetés par tous, reconnu que par les étrangers et les pauvres. Petit enfant, nouveau-né. Il réveille en nous un amour incompréhensible, un amour pour un Dieu·e qui se livre, vulnérable, entre nos mains.
Veillons. Nous sommes invité·es, dès aujourd’hui, à se laisser façonner, à vivre en communion avec Lui·Elle, l’un avec l’autre, à laisser croitre en nous cet amour, comme l’amour d’une mère pour l’enfant déjà vivante dans son sein. Et dès aujourd’hui, laissons répandre autour de nous cet amour dont le monde a tellement besoin. Veillons ensemble. ↓
Janet Burlacu
Janet est canadienne, originaire de l’Île de Vancouver. Elle a complété une licence en Economie avant de déménager en France pour vivre avec des personnes avec handicap pendant quelques années. Aujourd’hui elle habite en région parisienne avec son mari (et bientôt leur premier enfant !) où elle continue de travailler auprès des personnes marginalisées, de chanter beaucoup, et se poser pleines de questions sur les chemins pour bien vivre sa foi dans le monde aujourd’hui.