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Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

Episode 21

05/04/20
Dimanche des Rameaux

Lecture de l’évangile : Leonor

Homélie : Raphaël

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Is 50, 4-7
Psaume 21
Ph 2, 6-11
Mt 27, 11-54
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

Il y a quelques jours je disais à un ami au téléphone que ce Carême 2020 était vraiment très particulier. La situation sanitaire que nous subissons nous invite à vivre les choses bien différemment cette année, nous poussant à un vrai dépouillement. Alors que dire de la semaine sainte dans laquelle vous entrons ?
Justement, Matthieu écrit : « Comme Jésus entrait à Jérusalem, l’agitation gagna toute la ville » (Mt 21,10). Nous avons vu maintes fois des représentations de cette foule en liesse qui acclame Jésus, palmes à la main, disposant ses vêtements au sol pour le passage du Seigneur.
Aujourd’hui, nos villes sont bien silencieuses. Pas de cris d’exultation à Jérusalem ou ailleurs. Pas de rameaux en fêtes. Pas de Grand’Messe non plus. Chacun est terré chez soi.
Comme vous sans doute, il m’arrive d’avoir peur. Même si ce n’est la plupart du temps qu’un bref état d’angoisse. La situation dramatique que nous traversons actuellement me travaille. Le confinement, même en couple comme je le vis, est une expérience qui isole. Il m’a coupé de mes amis, de mes proches, de ma communauté paroissiale et je me sens parfois bien seul surtout à l’approche du temps pascal.
Paradoxalement, les textes de ce jour nous donnent à voir beaucoup de monde autour de Jésus. Le Seigneur s’autorise même à prendre des bains de foule ! Plus ou moins agréables d’ailleurs. Et tout ça sans masque de protection ni gel hydroalcoolique ! Il rencontre d’abord la foule joyeuse, à son arrivée dans la ville sainte. Il y aura plus tard la foule électrisée de ceux qui réclament sa condamnation.
Mais, confinement oblige, pour l’heure, tout rassemblement est interdit. Comment accueillerons-nous donc Jésus aujourd’hui ? Sans nos habituelles processions des rameaux, sans nos chants de fêtes ? Comment Jésus pourra t’il faire son entrée dans nos villes emmurées et dans nos églises fermées ?
« Voici ton roi qui vient vers toi, il est humble » (Mt 21,5) nous dit Matthieu en s’appuyant sur le prophète Zacharie. Jésus, tout au long de l’Evangile est l’Humble par excellence. La deuxième lecture (Ph 2, 6-11) nous le confirme : « Lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer le droit d’être traité à l’égal de Dieu, mais au contraire il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur ». D’ailleurs, c’est sur le dos d’un âne que ce Dieu abaissé fait son entrée à Jérusalem, et non pas porté en triomphe sur un char !
Finalement, le Messie humble qui vient à notre rencontre n’a peut-être pas besoin d’être accueilli dans une ville parée et rutilante, par une foule qui l’acclame à grand cris ou par la musique des grandes orgues de nos cathédrales… Cette année tout du moins, ce ne sera pas possible.
Alors que craignons-nous ? Que Jésus ne vienne pas ? Celui dont le nom même signifie « Dieu avec nous » ? Qu’il renonce à vivre l’épreuve de son abaissement ou celle de la Croix ?
Il vient aujourd’hui encore. Humble, discret, sans bruit. Il est là dans la pauvreté de nos quotidiens confinés. Dans le service discret rendu à une voisine. Dans l’expérience parfois compliquée d’un huis clos familial. Dans nos échanges téléphoniques brefs mais intenses avec ceux que nous aimons. Dans sa Parole donnée chaque jour. Dans nos prières si brèves soient-elles. Il veut traverser avec nous cette épreuve.
Regardons comment il vit les heures de sa Passion. Il n’élève pas la voix, reste même bien souvent silencieux. Lui aussi est séparé de ces proches. Et il prie. Il a peur aussi. A Gethsémani, il souffre de cette solitude, il a besoin de ses amis, il le leur dit : « Mon âme est triste à en mourir, demeurez ici et veillez avec moi »(Mt 26, 38).
Soyons certains qu’il est là, à nos côtés en ces temps si troublés. Ayons la foi, comme Jésus a eu foi en son Père. « Le Seigneur vient à mon secours » nous dit le prophète Isaïe (Is 50,7)
Et, si nous acceptons finalement d’accueillir le Sauveur dans nos vies, telles qu’elles sont aujourd’hui, sans superflu, dépouillées de tout leurs oripeaux, qu’adviendra t’il ?
Jetons un coup d’oeil à la suite du texte de Matthieu, juste après la crucifixion. « Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient à distance. Elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir » (Mt 27, 55) Ces femmes, tellement discrètes qu’on en parle peu, ne font rien d’extraordinaire. Pourtant, quel chemin elles ont dû parcourir pour arriver à se tenir là ! Sans homme à leurs côtés, contre toutes les conventions sociales de l’époque. Elles ne disent rien. Mais elles sont là. Elles n’ont pas fuit comme les disciples. Elles sont les témoins de tout ce qui se passe. Depuis la proclamation de la Bonne Nouvelle jusqu’à la mort du Sauveur. Si bien qu’il en fera par la suite les premiers témoins de sa Résurrection.
A l’exemple de ces femmes, simplement présentes à ce qui se passe, nous pouvons accompagner Jésus. Le suivre, même à travers les tribulations, pour le servir. Oui, suivons-le sans crainte ! Nous deviendrons alors nous aussi les témoins de sa Pâque !
Raphaël
Membre de la Communion Béthanie, une fraternité de prière contemplative inclusive, agent administratif de mon état, curieux et passionné. La façon dont les autres vivent leur foi me fascine, je m’intéresse à toutes les cultures et croyances car pour moi chacune est un aspect de l’infini qui nous dépasse. Je suis attaché à une Eglise ouverte et plus proche du coeur que du dogme, comme Jésus nous l’a enseigné.