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Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

Episode 19

22/03/20
4e dimanche de Carême

Lecture de l’évangile : Clémentine Perier

Homélie : Noëlie Djimadoumbaye

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

1 S 16, 1b-13a
Psaume 22
Ep 5, 8-14
Jn 9, 1-41
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

Chers frères et sœurs, nous sommes aujourd’hui au 4ème dimanche du carême appelé aussi dimanche de la joie. Nous venons d’écouter le récit de la guérison de l’aveugle-né et je vous propose de demander la grâce de nous réjouir des merveilles de Dieu en cet homme et aussi en chacun et chacune de nous. Demander la grâce de se réjouir car comme nous venons de l’écouter, il n’est pas toujours facile de se réjouir du bien qui se fait. Il se passe beaucoup de chose dans ce long récit. Mais pour aujourd’hui, afin de nous éveiller à cette attitude de joie, je voudrais nous inviter à suivre le cheminement de cet aveugle.
On ne connait pas son nom, on sait tout simplement qu’il est né aveugle et sans doute à cause de ce handicap, il est mendiant. Il ne connait pas Jésus et nous ne percevons pas dans ce récit un désir de guérison de sa part. Sa situation suscite question chez les disciples de Jésus qui cherchent à savoir qui est à l’origine de ce mal. Question légitime mais Jésus y répond en changeant la logique. Si la recherche des causes d’un mal est sans doute important pour le combattre, elle peut nous détourner de l’essentiel, c’est-à-dire de la personne qui souffre. Jésus réoriente ainsi la logique des disciples : il les invite à passer du regard porté sur la cause du mal au regard sur la personne affectée par le mal qui suscite compassion et action pour l’en délivrer. Cette pédagogie de Jésus est riche d’enseignement pour chacun et chacune de nous et pour l’Eglise. Par exemple face aux abus dans l’Eglise, l’attitude a été pendant longtemps focalisée sur le coupable. Depuis 3 ou 4 ans, l’Eglise a résolument décidé de tourner son regard vers les victimes pour les aider à se reconstruire. Devant les multiples maux qui accablent l’humanité, Jésus nous invite à nous centrer sur la personne souffrante. C’est dans ce regard de compassion poser les uns sur les autres que nous trouverons les ressorts intérieurs pour inventer des gestes de re-création comme Jésus le fait avec l’aveugle-né. Poursuivons donc notre cheminement avec ce monsieur.
La nouvelle de sa guérison se répand et au lieu de provoquer joie, elle suscite plutôt suspicion. L’aveugle guéri doit s’en expliquer devant les pharisiens. Celui qui jusqu’à présent ne parlait pas prend la parole pour rendre compte de ce qui lui est arrivé. Il n’est plus un objet de discussion mais devient un sujet, un interlocuteur, un protagoniste de son histoire. On le voit progressivement prendre confiance et affirmer sans détour, ni peur ce qui lui est arrivé. « C’est bien moi » dit-il avec assurance. Si la confrontation est difficile, elle lui a permis de faire un chemin intérieur dans la connaissance de celui qui lui a ouvert les yeux. Il commence à parler de celui qui l’a guéri d’abord en reprenant ce qu’il a entendu dire de lui : « l’homme qu’on appelle Jésus » dit-il, et ensuite il formule sa propre idée de Jésus : c’est un prophète. On voit bien que la guérison n’est pas que physique. Elle établit la confiance en soi et donne une ouverture de l’intelligence permettant ainsi de se situer comme sujet avec d’autres.
Et finalement, Jésus rejoint cet homme désormais guéri de sa cécité pour porter à achèvement l’œuvre de guérison qu’il a entreprise. C’est dans un dialogue simple que cet aveugle guéri voit et reconnait Jésus comme son Seigneur. Ainsi il passe de la guérison physique à l’illumination du cœur en passant par la confiance en soi.
Chères frères et sœurs, voilà l’œuvre de Dieu en nous : le Fils de l’Homme n’est pas venu pour chercher les coupables mais les souffrants pour les guérir, les réintégrer dans la société comme sujets de leur histoire et les affermir dans l’amour de leur créateur. Ce parcours de l’aveugle-né est le modèle du cheminement de tous les catéchumènes et en particulier de ceux et celles qui se préparent au baptême à Pâques. C’est aussi le cheminement que tout baptisé est appelé à redécouvrir pendant ce temps de carême qui invite à passer des ténèbres à la lumière en suivant de plus près la lumière du monde, Jésus. Puissions-nous, catéchumènes et baptisés, comme l’aveugle-né, nous laisser illuminer par le regard de compassion de Jésus qui nous guérit de nos cécités physique et spirituelle et nous risquer à témoigner humblement mais en vérité de cette œuvre de Dieu en nous. Et surtout soyons pour nos frères et sœurs qui souffrent le reflet de ce regard miséricordieux de Jésus qui relève, re-intègre, donne confiance et espérance.
Noëlie Djimadoumbaye
Noëlie Djimadoumbaye est religieuse xavière, de nationalité tchadienne. Elle est actuellement étudiante au Centre Sèvres en Théologie morale et membre du Ceras (Centre de Recherche et d’actions sociales) où elle travaille à la promotion de l’enseignement social de l’Eglise.