#

Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

Episode 17

08/03/20
2e dimanche de Carême
Catherine Ulrich-Tapparel

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Gn 12, 1-4a
Psaume 32
2 Tm 1, 8b-10
Mt 17, 1-9
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

Avez-vous lu les Lectures d’aujourd’hui ? si vous me répondez oui, je vous dirai que c’est bien, mais je vous inviterai aussi et surtout à les écouter. Car, même si ce qui nous frappe au premier abord est l’éclat irradiant du Christ, ces textes nous montrent combien la parole ne peut être dissociée du regard.
Ainsi, dans la première lecture, le livre de la Genèse, le Seigneur parle à Abram, Il commence par lui adresser une parole et l’envoie vers le pays qu’il lui montrera.
Le psalmiste quant à lui chante dans le psaume 32 combien la parole du Seigneur est droite.
Dans sa lettre à Timothée, l’apôtre Paul témoigne de la grâce devenue visible car, écrit-il, « notre Sauveur, le Christ Jésus s’est manifesté, il a fait resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Évangile ». Ici encore regard et parole sont liés.
Ainsi, ces lectures ouvrent nos oreilles et nos yeux à ce qui se passe là-haut sur cette montagne, la montagne de la Transfiguration. L’évangéliste Matthieu ne la situe pas, il nous dit simplement qu’elle est à l’écart et qu’elle est haute. Nous pouvons nous attendre à ce que quelque chose d’important s’y produise. Regardons et écoutons !
Jésus emmène avec lui trois hommes. C’est une histoire bien masculine qui nous est proposée en ce 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes. Nous pouvons nous demander comment les femmes auraient réagi dans ces circonstances !
Mais revenons au récit. Jésus emmène avec lui Pierre, Jacques et son frère Jean. Nous les connaissons bien, cela fait déjà quelques temps qu’ils suivent Jésus. Ils ont répondu à son appel, ils ont marché à ses côtés, ils l’ont entendu parler du Royaume. Ils sont en chemin avec lui vers Jérusalem et Pierre l’a reconnu comme « Christ, le Fils du Dieu vivant ».
Et voilà soudain que sur cette haute montagne, ils voient Jésus transfiguré, son visage est brillant comme le soleil et ses vêtements blancs comme la lumière.
Devant leurs yeux se trouvent aussi Moïse et Elie, des prophètes auxquels Dieu lui-même s’est manifesté sur une montagne, deux figures de la première Alliance. Donc lorsque les trois disciples, voient le Christ resplendissant entre Moïse et Elie, ils ne comprennent pas ce qui se passe. Pierre propose de dresser trois tentes, comme pour arrêter le cours des choses. Pourtant, comme l’a déjà raconté Matthieu, six jours avant cet épisode, Jésus lui-même a annoncé à ses disciples qu’il allait être mis à mort et qu’il ressusciterait le troisième jour. Peu de temps plus tôt, Jésus a même confié à Pierre « les clés du Royaume des Cieux ».
Là, sur la montagne ils oublient ce qu’ils connaissent de leur Seigneur, ils sont saisis d’une grande crainte. Auraient-ils eu besoin d’un autre signe ? Avec tous les indices mis en évidence par l’évangéliste, nous pouvons lire dans cet événement une nouvelle annonce de la résurrection.
Mais les disciples semblent ne pas avoir compris les paroles et les signes de leur maître. Est-ce pour cela que Jésus leur demande de ne rien dire jusqu’au jour de la résurrection ? Faudra-t-il attendre jusque-là pour qu’ils croient ? Pourtant, là-haut sur la montagne, dans la nuée ils ont vu la gloire de Dieu ! Et malgré cela, Pierre reniera le Christ par trois fois.
La péricope de l’Évangile commence par préciser le temps du récit. Et si nous nous projetions dans un autre temps, où là-haut, sur cette montagne se trouveraient une ou plusieurs femmes ? Imaginons la scène : La première se serait approchée de Jésus, elle se serait assise à ses pieds, et l’aurait écouté. Oui, parce qu’elle savait choisir la bonne part. La deuxième se serait approchée de lui, elle aurait brisé un flacon d’albâtre et aurait répandu sur sa tête un parfum précieux. Elle aurait préparé son corps pour l’ensevelissement parce qu’elle savait qu’il fallait qu’il passe par la mort pour nous relever avec lui.
Et vous, qu’auriez-vous fait ? Et toi ? Devant le Christ transfiguré, que ferais-tu ? Et lorsque le Christ vient te visiter, lorsqu’il se manifeste à toi, le reconnais-tu comme le Ressuscité ? Te mets-tu à l’écoute de sa parole ? Entends-tu la voix du Père dire que Celui-ci est son Fils bien-aimé ? Entends-tu ton Seigneur te dire « Sois sans crainte » ?
Même si seuls des hommes se trouvent sur cette montagne, nous savons que Moïse avait besoin du soutien de sa sœur Myriam, elle qui l’a sauvé de la mort. Nous savons le rôle qu’a joué la veuve de Sarepta lorsqu’Elie manquait de pain et d’eau. Et nous savons que c’est à Marie de Magdala et l’autre Marie, que Jésus s’est manifesté au matin de la Résurrection, Ce sont elles qui l’ont vu resplendissant, ce sont elles à qui il confie la mission de dire « Il est ressuscité des morts ». La parole des femmes est précieuse, notre parole est précieuse.
Oui, la grâce nous est donnée à nous aussi, dans le Christ Jésus. Elle est devenue visible car notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté : il a détruit la mort, et il a fait resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Évangile et il compte sur nous pour annoncer son Évangile.
Catherine Ulrich-Tapparel

Catherine travaille pour la Communauté œcuménique des personnes en situation de handicap à Genève. Elle est engagée depuis une vingtaine d’année comme animatrice pastorale au sein l’Eglise catholique. Dans le cadre de son travail, elle rencontre des personnes en souffrance, corporellement, mentalement et spirituellement. Son expérience lui a montré que la joie de vivre et d’annoncer l’Évangile au jour le jour peut se partager dans tous les lieux de vie et à tout instant. Mère et grand-mère, elle rêve pour ses petites-filles d’une société égalitaire, inclusive, juste et solidaire. Toutes les valeurs qu’elle retrouve dans l’Évangile !