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Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

Episode 7

05/01/20
L’Épiphanie
Clémence D.

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Is 60, 1-6
Psaume 71
Ep 3, 2-3a.5-6
Mt 2, 1-12
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

«  Où est le roi des juifs qui vient de naître  ?  » C’est avec cette question que les mages arrivent à Jérusalem. Ça y’est, Jésus est né et ils sont à sa recherche. Et à quelques jours de Noël, on peut se poser la même question. Ça y’est, Jésus est né mais apparemment rien n’a changé  : nos rues sont les mêmes, les injustices qui les traversent aussi. Et parfois, Noël est même venu réveiller la solitude. Alors, où est le roi des juifs  ?Les mages sont les seuls, dans l’évangile de Mathieu, à venir rencontrer Jésus dans la crèche. Je vous propose de nous mettre à leur école, pour nous mettre en chemin à leur suite. Et de regarder trois caractéristiques de ce chemin  qui est le leur.
La première, c’est que ce chemin à une origine. Il vient s’enraciner dans leur questionnement, dans leur soif de comprendre. Les mages, Magoï en grec, ce sont des savants, des astrologues. Ils regardent les étoiles, c’est leur métier. Et c’est une nouvelle étoile, une étoile qui s’est levée, qui les a mis en chemin à la recherche du Seigneur. Autrement dit, Dieu leur a parlé dans leur langue. Il est venu les rencontrer avec ce qui les intéresse, avec leur quête existentielle, avec leur soif de comprendre. Quelle place faisons-nous à nos propres questionnements  ? Aux questionnements de nos contemporains, de ceux qui nous entourent  ? Quelle légitimité leur donnons-nous  ? Est-ce que nous acceptons que Dieu vient parler à chacun dans sa langue, dans ses questions  ? La première caractéristique, c’est donc que ce chemin à une origine dans nos questions.
La deuxième, c’est que sa destination nous échappe toujours. Il est le chemin de l’inattendu. Concrètement, c’est intéressant de voir que ce qui met les mages en route, c’est une étoile. Et par définition, une étoile ne se voit que dans la nuit. Comme si cheminer, se mettre en route, nécessitait de consentir à tâtonner, à ne pas tout voir, à accueillir une part de mystère et à lâcher prise sur la destination.
Dans le texte, les mages arrivent à Jérusalem et c’est légitime, puisque que Jérusalem est une ville royale, donc ça peut sembler logique pour trouver le roi des juifs. Et pourtant, ils vont être remis en chemin. Et ce qui les guide, c’est la parole de Dieu qui leur est donnée dans un dialogue. Ils viennent avec leurs questions et on leur répond par la parole de Dieu, qui vient petit à petit transformer leur regard et transformer leur cœur. Qui vient les inviter à chercher le roi des juifs non pas à Jérusalem, qui est la ville royale, mais à Bethléem, qui aurait pu être le dernier des tiers-lieux. Alors peut-être que nous aussi, nous avons à chercher Jésus précisément là où l’on ne l’attend pas, dans les recoins plus sombres de notre humanité. Et peut-être qu’aujourd’hui, c’est le chemin auquel nous sommes appelés. Ces derniers kilomètres qui, paradoxalement, sont peut-être les plus importants, ceux de la conversion du cœur et du regard, ceux qui nous permettent de voir dans la figure de l’Autre, là où la vie est abimée, là où toute vie semble avoir disparu, le visage de Jésus, le nouveau-né de la crèche, une promesse de vie. Ce qui témoigne de la présence du nouveau-né, c’est cette joie, cette joie silencieuse des mages en voyant l’étoile au-dessus de la crèche.
Et cela m’amène à mon dernier point. Le chemin des mages, c’est avant tout un chemin de liberté, un chemin de liberté intérieure. Il y a un avant/après dans cette rencontre. Cette liberté, elle se voit dans le don, dans le don qu’ils font d’eux-mêmes au travers des présents. Et c’est frappant de voir que l’évangéliste insiste sur ce passage  : ils donnent l’or, l’encens et la myrrhe. Ils se donnent, ils entrent dans la liberté de donner. Et la deuxième chose qui en témoigne, c’est ce chemin qu’ils prennent pour partir, cet autre chemin. Et je crois que c’est ça qui vient attester de notre rencontre avec l’inattendu du nouveau-né de la crèche. Le fait de prendre un autre chemin, de rentrer chez-nous avec un cœur élargi, avec une liberté plus grande, de s’ouvrir à un autre que nous-même. Pour terminer et pour nous mettre en route ensemble en ce jour de l’Epiphanie, en ce jour de la promesse d’une rencontre qui ouvre à la vie, je vous propose un petit texte de Madeleine Delbrel :
« “Allez…” nous dites-vous à tous les tournants de l’Évangile.
Pour être dans votre sens, il faut aller même quand notre paresse nous supplie de demeurer.
Vous nous avez choisis pour être dans un équilibre étrange.
Un équilibre qui ne peut s’établir et tenir que dans un mouvement, que dans un élan.
Un peu comme un vélo qui ne tient pas debout sans rouler, un vélo qui reste penché contre un mur tant qu’on ne l’a pas enfourché, pour le faire filer bon train sur la route.
La condition qui nous est donnée c’est une insécurité universelle, vertigineuse.  Dès que nous nous prenons à regarder notre vie penche se dérobe.
Nous ne pouvons tenir debout que pour marcher, que pour foncer dans un élan de charité. »

Clémence D.

Clémence fait le cycle de théologie “Croire & Comprendre” au Centre Sèvres à Paris. Avant cela, elle était entrepreneure et a développé l’activité entreprises de Ticket for Change et volontaire au Rocher où elle accompagnait des jeunes sur leurs chemins de (re)construction.