#

Bonne

Nouv.elle

!

— La parole inclusive du dimanche,
Du premier dimanche de l’Avent au dimanche de Pâques, un.e invité.e nous donne à entendre l’homélie dominicale.

S3 Episode 26

17/04/2022 – Pâques

Lecture de l’évangile : Marina

Homélie : Nicole Briand et Dominique Le Cardinal

Et sur Anchor.fm, Spotify ou d’autres plateformes de podcasts.

Textes du jour

Ac 10, 34-43
Ps 117
Col 3, 1-4
Jn 20, 1-9
(Lire les textes sur aelf.org)

Le texte de l’homélie

– Ce que tu disais en premier, c’est que, c’était « Paix avec vous » qui t’a marquée.
Oui, « paix avec vous ». Parce que, en ce moment, avec tout ce qui se passe, et tout, il faut la paix, il faut qu’on ait la paix, avec la guerre et tout, … Il faut la paix. Il faut que les gens, qu’ils soient chrétiens ou pas chrétiens, qu’ils finissent de se battre, qu’ils puissent se parler. Pour avoir la paix. Parce que ce qu’on voit maintenant, c’est horrible.
– Et comment tu fais, toi, dans ta vie, pour avoir la paix ?
Je prie. Que je sois dans le bus, n’importe où, je prie. Samedi, j’étais dans le bus, et une dame que je ne connaissais pas, assise à côté de moi, qui me parle du beau temps, des fleurs qui poussent et tout ; elle me dit – parce que j’avais la croix et tout – elle me dit : « Vous croyez en Dieu ? » J’ai dit oui, je crois en Dieu, je n’ai pas honte de le dire, je crois en Dieu. Elle me dit : « Mais s’il y avait un Dieu, il n’y aurait pas la guerre ». Je lui dis : « Écoutez madame, c’est pas Dieu qui fait la guerre, c’est l’homme. L’homme lui-même se détruit. Elle me dit : « Comment vous faites ? » Je lui dis que je prie. « Comment vous faites pour prier ? » J’ai un petit livre dans mon sac à main, de prières, je l’ai sorti, et je lui ai dit : « Vous voyez, c’est ça la prière. » Du coup je lui ai donné. Et j’en ai mis trois dans mon sac à main, des petites prières, comme ça si des gens veulent des prières dans le bus, je leur en donnerai.
– Et qu’est-ce que tu penses des souffrances de Jésus ?
Ce que je pense des souffrances de Jésus, personnellement – bon, les clous d’accord, mais ce qui fait le plus mal, même quand j’étais cancéreuse, c’est la couronne d’épines dans la tête. Chaque fois que j’y pense, j’ai envie de crier, j’ai envie de pleurer, encore maintenant… Déjà quand on se pique à une épine, ça fait mal, mais alors cette couronne qui force dans la tête, c’est horrible ! Et puis ne rien dire. Supporter ça ! Je ne pourrais pas le supporter, moi. Non, vraiment…
– Est-ce que ça t’est arrivé, dans ta vie, de souffrir aussi sans rien dire ?
Quand j’étais jeune, j’ai beaucoup souffert, mais enfin, sans rien dire, je supportais. J’étais infirme, j’ai beaucoup souffert et tout. J’ai souffert aussi beaucoup avec papa, sans rien dire. Je ne disais rien, je supportais, et puis bon… Mais sinon, je n’aurais jamais eu l’idée de faire du mal à ma nourrice, de faire du mal à son fils, ou à personne. Encore maintenant, s’il y a des gens qui me font du mal, c’est tout, je prie. J’allais à l’église pour aller voir la dame avec son bébé dans les bras : c’était la Sainte Vierge. Mais c’est tout. Je pense que ça m’a beaucoup aidée, même si je ne la connaissais pas. Je pense qu’elle m’a aidée quand même, à supporter ma souffrance. Je ne connaissais pas la Sainte Vierge, mais je pense qu’elle m’a aidée quand même dans ma souffrance. Parce que, quand j’allais la voir, je lui disais : « Au moins, tu as ton fils ». Je lui parlais, donc est-ce qu’elle ne m’a pas pris en considération ? Elle s’est peut-être dit, puisque c’est comme ça, je vais la protéger. Je passais toujours dans l’église quand elle était vide, je me cachais pour pas qu’on me voie.
– Et c’est seulement après que tu as su que c’était la Sainte Vierge ?
J’ai su avec le prêtre, c’est lui qui m’a dit que c’était la Sainte Vierge. Je lui ai raconté l’histoire avec l’église, enfin « cette maison-là » parce que je ne savais pas que c’était une église d’ailleurs, et que j’ai vu une dame, il m’a dit que c’était la Sainte Vierge. C’est lui qui m’a aidée à prier.
– Jésus dit à Thomas : « Porte ton doigt ici, avance ta main et mets-la dans mon côté, dans ma blessure ». Qu’est-ce que tu penses de ça ?
Jésus a raison de dire ça, parce que, quand il a vu que Thomas ne croyait pas, il a fait ça, je pense, pour le convertir. Je pense que c’est là qu’il a vu la souffrance de Jésus. Il s’est dit qu’il est mort pour nous, il a saisi quelque chose que nous, on ne sait pas, que moi je ne sais pas. C’est vrai qu’il a dû souffrir pour nous, et sans rien dire. Je pense que c’est ça.
– Alors là, Jésus dit à Thomas : « Ne deviens pas incrédule mais croyant. » Et Thomas répond : « mon Seigneur et mon Dieu ».
Oui, mon Seigneur et mon Dieu. Je pense que c’est là justement, qu’il a vu que le Seigneur n’était pas n’importe qui, mais un dieu, mon Dieu. Parce qu’il a vu qu’il a souffert et tout, sans rien dire et tout, mais est-ce que justement, en touchant la plaie du Christ, il n’a pas eu un déclic avec le Seigneur ? Un déclic, une petite lumière. Comme je dis, c’est la clé du cœur qui a dû l’ouvrir. On peut pas empêcher de croire en Dieu.
– Et aujourd’hui, toi aussi tu peux dire « mon Seigneur et mon Dieu » ?
Mon Seigneur et mon Dieu. Je peux le dire. Tous les jours je le dis, « mon Seigneur et mon Dieu ». Il nous protège, quand même : il nous protège du mal, il nous protège des péchés qu’on peut faire sans le vouloir – au Resto du Cœur, quand je revenais et que je m’étais disputée, enfin pas vraiment disputée mais une parole assez forte, avec certains bénévoles, après ça, quand je rentrais chez moi, je disais « mon Seigneur, mon Dieu, aide-moi, j’ai fait ça et j’ai dit ça qu’il ne fallait pas. »
– Et Jésus lui dit : « Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. »
Heureusement que tout le monde n’est pas Thomas, parce qu’il n’y aurait plus de chrétien du tout. Ma mère je ne l’ai jamais vue, mon père je ne l’ai jamais vu, mais par contre je prie pour eux. La dernière fois que ma fille m’a emmenée sur la tombe de ma mère, avec mon gendre, on était content de la voir. Ma fille a pleuré parce qu’elle a vu sa grand-mère : son nom est marqué dessus. Mais j’étais contente de la voir ! On a nettoyé la tombe et tout. Même si je ne la connaissais pas, j’ai l’impression de l’avoir vue ici.
– Donc tu dis ça à Thomas ; toi tu croyais à ta maman sans l’avoir vue et sans la connaître.
Oui. Par contre mon père, je ne pourrai jamais le trouver parce que mon père est mort – enfin soi-disant – clodo et il est enterré à Pontoise dans un caveau commun. Maman, j’ai l’impression de la voir quand je prie pour elle, quand je prie mon père – j’ai l’impression de les voir. Ça m’apaise.
– Alors, « Jésus a fait ça sous les yeux de ses disciples. Il a fait encore beaucoup d’autres signes qui ne sont pas écrits dans ce livre. Ceux-là ont été mis par écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. » Est-ce qu’en croyant on a la vie ?
Ah oui ! En croyant on a la vie, c’est sûr. Moi ça me donne la vie de croire en Dieu. Quand tu vois tout ce qui se passe dans la nature et tout, comment ne pas croire en Dieu ? Moi ça me donne la vie, c’est comme la nature : la nature donne la vie sans croire en Dieu. Les arbres ne croient pas en Dieu, les animaux ne croient pas en Dieu, mais ils ont la vie. Hier on a cueilli des jonquilles… c’est la vie ! C’est quand même Dieu qui donne la vie à tout.

Nicole Briand et Dominique Le Cardinal

Nicole et Dominique se sont rencontrées lors d’un repas tiré du sac organisé par la paroisse. Nicole a dit qu’elle avait écrit son histoire sur des cahiers et qu’un bénévole du Resto du Coeur lui avait dit que cela mériterait de faire l’objet d’un livre. Dominique, qui avait déjà aidé plusieurs personnes à éditer leur biographie, lui a dit qu’elle était prêtre à l’aider. Elle a tapé les cahiers, puis elles se sont rencontrées régulièrement afin d’aboutir à la publication un livre. C’est ainsi que Dominique a découvert l’histoire incroyablement douloureuse de Nicole, et son chemin de pardon et de paix. Son livre est édité à compte d’auteur. Nicole en a vendu 250ex à ce jour.